Mobilisations de tous bords, semble-t-il....

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Mobilisations de tous bords, semble-t-il....


"Sachez en tout cas que le gouvernement est très mobilisé, que la porte du dialogue restera toujours ouverte - quoi qu'il arrive, - mais que j'ai été élu sur un projet présidentiel, j'ai un travail à faire, j'ai des solutions à apporter aux problèmes de la France", a déclaré le chef de l'Etat.

Certes, si tout le gouvernement n'était pas "très mobilisé", en tout cas, ça ne se verrait sans doute pas trop, il suffirait de dire le contraire, et tout le monde le croirait, ne cherchez pas, c'est assurément et forcément vrai. La logique est clairement énoncée, - projet, travail, problèmes, solutions. Une langue de manageur. Voilà tout ce qu'il nous apporte, comment ne pas le remercier ?
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Il y a bien quelques députés de la majorité présidentielle qui se sentent maltraités, ignorés, et considérés comme négligeables, il y a bien quelques centristes et quelques démocrates chrétiens un peu gênés aux entournures, clientèle électorale oblige, il y a bien quelques socialistes qui râlent, comme de coutume, mais le chef de l'Etat a, lui, des solutions à apporter, et tout le monde ne peut pas en dire autant.


••• A la SNCF, sept syndicats sur huit appellent à une grève reconductible à partir de mardi 20h00. A la RATP, la CGT, Sud, FO et l'Unsa appellent à une grève reconductible à partir de mercredi, CFDT et CFTC s'en tenant à une grève de 24 heures.

••• Dans le secteur de l'énergie - à EDF, GDF et plus de 180 entreprises - CGT et FO appellent à une grève reconductible à partir mercredi.


Faites le test, êtes-vous parmi les ravis, ou non ?

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Si vous n'êtes pas cheminot, électricien, gazier, transporteur, routier, tout va bien, donc. Ravis.

Si vous n'êtes pas étudiant, et un peu feignant, vous êtes contre le blocage, qui empêche les gentils de travailler sérieusement, et donc la situation d'autonomie des universités, qui les rend assujetties au rendement, vous rend définitivement ravi. Ou ravie, évidemment.

Si vous êtes écolier, collègien, lycéen, tout va bien, - moins de profs à l'horizon, donc pas de raison de s'inquiéter, les plus riches iront dans l'enseignement privé, et les moins riches feront des heures supplémentaires, plus tard, peut-être. Ravis.

Si vous êtes prof, vous avez la possibilité de travailler et plus, donc, vous êtes ravis.

Dans la catégorie des avocats, des magistrats, des greffiers, tout va bien aussi, les grandes villes vont recueillir la clientèle des petites, les autres peuvent travailler plus pour gagner plus, aucun problème, ravis, et de même les gros hôpitaux recueilleront celle des petits, inévitablement, les autres auront le choix de travailler plus, ou pas. Ravis, sans aucun doute.

Dans la catégorie des gendarmes, ça râle sec, paraît-il, et pourtant, les manifestations diverses donnent du travail en plus, non ? Ravis, donc. Idem dans la catégorie des policiers, on embauche à tours de bras, pour surveiller les petites caméras qui seront bientôt installées presque partout. Ravis. Passionnante perspective, des humains qui surveillent des robots, et non l'inverse. Ravis.

A propos des heures supplémentaires, exonérées de charges, les PME concernées sont, comme leurs salariés, sans aucun doute, absolument ravies. La sécurité sociale, qui gère déjà quelque déficit, s'en arrangera, le jour où l'Etat, avec sa majuscule, paiera ses dettes, majuscules, elles aussi. L'Assedic, qui a déjà à digérer les salariés de l'ANPE, ravis, ne dira rien, bien entendu, les uns et les autres sont déjà extrèmement satisfaits du gâteau qu'ils gèrent, sur le dos des chômeurs ravis, et ébahis du coup. Qui oserait rappeler ques les entreprises privatisées n'ont pas payé leurs cotises, personne, et tout le monde en est ravi. Motus.

Dans la catégorie des salariés en général, ceux qui veulent travailler plus et gagner plus sont, d'ores et déjà, ravis, et les autres, qui veulent gagner moins et travailler moins, comment ne le seraient-ils pas ? Ravis.

Dans la catégorie des commerçants, des artisans, on vous promet une concurrence accrue, pour libérer la croissance, comme on dit, dont vous êtes déjà comblés, et si besoin, on arrangera un peu la TVA pour favoriser les plus ravis, qui votent déjà bien, - ne pas toucher au fond de commerce, et les gros sauront profiter des petits, ravis.

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Dans ce joli tableau, à peine surréaliste, qui pourrait s'inquiéter, et qui avons-nous oublié ?

Pas les retraités, on s'occupe d'eux.
Pas les écoliers, lycéens, collégiens, étudiants, ils vont trouver un monde meilleur, plein d'opportunités pour travailler plus pour gagner plus. Pas le monde de l'éducation nationale, enfin prise dans la compétition internationale, stimulante et gratifiante, pour ceux qui veulent une éducation performante.
Pas la justice, mêmes raisons, pas la police ni la gendarmerie, ceux-là vont avoir du pain sur la planche, pas les marchands de petites caméras de surveillance, et autres gadgets informatiques...
Pas les PME, qui servent discrètement de main d'oeuvre pour les grandes multinationales, discrètement et actuellement au pouvoir, comme toujours.
Pas la sécurité sociale, qui voit la croissance au bout du chemin, et a grande habitude du silence qui sied.
Pas la santé, de même, pas les Assedic, ni l'ANPE, celle-ci a déjà disparu du tableau au profit de celle-là.
Pas les salariés, habitués à attendre leur salaire à la fin du mois, pour payer le nécessaire, et parfois le superflu.
Pas les commerçants, sauf exception, - pas cette France-là qui travaille, et se sent, probablement ravie, d'avoir enfin un Président qui s'occupe d'elle.

Alors qui, on se le demande...

Nous allons donc d'un pas vaillant vers une nation de ravis, le bonheur est au bout du chemin, - sauf évidemment pour quelques brebis galeuses, quelques contestataires attardés, quelques descendants vieillissants de périodes dépassées, et osons le dire, quelques catégories dont l'ADN n'est pas flatteur, il faut bien l'avouer.

D'ailleurs, ... on s'en occupe déjà, qu'est-ce que vous croyiez ?

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Mais, comme il le dit franchement, honnêtement, directement, et l'annonce comme il l'a déjà annoncé dans sa campagne, "la porte sera toujours ouverte", pour ceux qui n'en veulent pas, de cette République presque parfaite, et si parfaite qu'elle fait songer à d'horribles cauchemars, - la porte sera toujours ouverte, pour raccompagner gentiment les opposants, les insoumis, les rebelles et les exclus, ailleurs, mais "je vous le dis gentiment", ça ne vous rappelle rien ?

La main sur le coeur, comme il sied aux gens qui n'en manquent pas, il précise: "la porte du dialogue restera toujours ouverte - quoi qu'il arrive", et seuls les mauvais esprits entendront, clairement, ce "quoi qu'il arrive", comme une menace claire, franche et honnête, et pas du tout voilée. Franco de port.

Voilà tout ce qu'il nous apporte, et nous annonce, comment ne pas le remercier?

Rien ne sert d'annoncer ou de prévoir le pire, quoi qu'il arrive, il est déjà en marche, et ça se voit.

Sauf pour les aveugles, bien entendu, ajoute Georges. Qui ça?

Brassens, pas l'autre.

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