mercredi 29 septembre 2021
samedi 25 septembre 2021
jeudi 23 septembre 2021
vendredi 17 septembre 2021
Lao Tseu – Chemins –
Lao Tseu – Chemins –
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Lao Tseu
– Chemins –
Strophes et Quatrains, -- Lao Tseu
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Traduction minutieuse et libre
Alain Constantin & Paco Alpi
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nouvelle édition,
revue et révisée,
texte intégral.
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1
Lao Tseu – Chemins –
– Chemins –
Strophes et Quatrains
– Lao Tseu –
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道 德 真經
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Traduction minutieuse et libre
Alain Constantin & Paco Alpi
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#dao
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2
Lao Tseu – Chemins –
Prologue
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Aucune explication n'est sans doute nécessaire à ce texte hasardeux,
et légèrement bizarre, sinon un préambule, qui ne devrait pas vous
empêcher de naviguer joyeusement parmi ces pages, comme disent
les vignerons.
Le taoïsme est une déambulation, un cheminement, que ne guide pas
vraiment le discours souvent paradoxal que l'on attribue à Lao Tseu.
Bien des erreurs, des non-sens, des contre-sens, des bourdes et des
absurdités ornent et défigurent les traductions innombrables des
propos pourtant concis de Lao Tseu.
Le présent texte n'y échappera pas, comme il se doit. C'est d'ailleurs
une traduction libre, comme se voulait Lao Tseu, - non sans illusions.
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3
Lao Tseu – Chemins –
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Ce texte existe dans une version enrichie de commentaires, plus ou
moins légendaires, toute une histoire, en somme.
Bon voyage, Lao Tseu !
http :// www. scribd. com / doc /210294540/ Bon - Voyage - Lao -Tseu
Lao Tseu -- Chemins --
http :// www. scribd. com / doc /215821242/ Lao - Tseu -% E2%80%93-
Chemins -% E 2%80%93- v 03-pdf
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4
Lao Tseu – Chemins –
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#1
Le chemin que suit le cheminement
n'est pas toujours juste le chemin,
et les mots pour le dire ne sont
pas toujours juste des paroles.
Sans un mot, sans paroles,
le ciel et la terre sont, ce mouvement
d'où proviennent les choses et les êtres,
que l'on peut nommer, multitude.
C'est ainsi, source de merveilles,
ce qu'il suffit de contempler,
attentif aux détours du chemin,
comme à ce qu'il y advient.
Mystérieuses et obscures,
semblables et différentes, apparitions,
passage invisible ou secret de ce qu'il advient,
comme une porte ouverte.
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道
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Lao Tseu – Chemins –
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#2
Sous le ciel, partout, la beauté,
à l'horizon, quelques nuages,
puis vient le temps de la décrépitude,
immanquablement, inévitable.
Chacun sait ce qui bon, et lui fait du bien,
et de là connaît ce qui ne l'est pas.
Ce qui est aisé, et ce qui est difficile,
se complètent mutuellement,
Le haut et le bas, le long et le court,
sont formes relatives et connexes,
le son et le bruit se conjuguent,
et le sage demeure ailleurs.
Sans un mot, il enseigne,
c'est pourquoi on l'écoute,
et la foule en liesse applaudit !
Puisqu'il n'en attend rien...
Il vit sans rien escompter en retour,
- accomplissement.
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道
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Lao Tseu – Chemins –
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#3
Si les Honorables n'étaient plus honorés,
le bon peuple aurait-il encore
quelque raison de se révolter ?
Sans le prix inaccessible des marchandises
de valeur, y aurait-il des voleurs ?
Sans l'apparence des biens trop désirables,
l'esprit et le cœur du bon peuple
serait-il troublé ?
Le sage sait qu'il ne convient pas
d'entretenir de faux espoirs.
Il songe à vider son cœur, et remplir son ventre,
comme chacun, pour retrouver des forces.
Et tenir le peuple dans l'ignorance, et l'apathie,
quel rêve fou !
Aussi n'en fait-il rien !
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Lao Tseu – Chemins –
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#4
Le juste chemin ressemble au silence,
vide de paroles, inépuisable pourtant,
langage fécond, source de tous les mots.
Insondable, il produit la forme et l'apparence
de toute chose, simple et spectaculaire
comme le moindre torrent, source de vie.
Il suit librement sa pente, son chemin,
éparpille ses gouttelettes dans la lumière,
se perd comme poussière, limpide ruisseau.
Comme un trésor précieux et secret,
comme l'apparence de la puissance,
savoir immémorial comme un présent.
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道
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Lao Tseu – Chemins –
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#5
Le ciel ni la terre n'ont rien d'humain.
Nous ne sommes que fétus de paille,
éphémères, au regard du sage.
Nous ne sommes que passagers,
souffle dans un flûtiau de roseau.
Inépuisable image du manque,
du vide qui nous anime, multiples
paroles, dénuées de sens, hélas !
Garder le milieu du chemin,
simple sagesse…
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Lao Tseu – Chemins –
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#6
Le secret discret de la vallée obscure
demeure, inénarrable, déité féminine.
C'est un passage, une porte, la racine
du temps et de la vie, un chemin,
un doux réservoir de vie.
Comme un charme mystérieux,
permanent et présent, immanent.
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#7
Le ciel et la terre demeurent, comme horizon.
Entre le ciel et la terre, circulent le temps,
l'énergie, le devenir de chacun, la vie en somme.
Ainsi se produit la vie, elle advient, se perpétue.
Le sage ignore le devenir de sa personne,
et ne s'en préoccupe pas pour autant,
c'est bien parce qu'il ne s'en préoccupe pas
qu'il demeure sage, dépositaire de sa sagesse.
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道
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Lao Tseu – Chemins –
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#8
D'abord, ce qui est bon est comme l'eau,
elle alimente la multitude sans jamais combattre,
elle demeure même dans les lieux impraticables,
ainsi ressemble-t-elle au bon chemin,
qui habite même l'insondable, comme
précisément la bonté humaine, n'est-ce pas ?
Ce qui est bon cherche à s'étendre, distribution,
et la bonté gagne l'espace et le temps,
sans discussion, sans reproche, la bonté.
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Lao Tseu – Chemins –
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#9
Rien ne demeure, le plein se vide,
le tranchant ne se garde, et s'émousse,
ni l'or, ni le jade du trésor
ne se peuvent conserver sans fin,
la richesse et l'arrogance attirent
le blâme et la réprobation.
Dès lors l'accomplissement
comporte de devoir se retirer,
telle est la bonne démarche,
le bon chemin. Simple bon sens.
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Lao Tseu – Chemins –
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#10
Méditation, tenir l'esprit et le corps
comme s'ils n'étaient qu'un, et maintenir cela,
est-ce possible ? Le peux-tu ?
Régler ton souffle, respiration douce,
comme celui du nourrisson, spontané,
est-ce possible ? Le peux-tu ?
Contempler la réalité mystérieuse d'un œil lucide,
sans faillir ni défaillir... Le peux-tu ?
Aimer le pays et le peuple, l'aider
sans même agir, le pourrais-tu ?
Suivre la bonne conduite, le juste chemin,
en respectant l'obscure racine des choses,
leur insondable douceur, le sais-tu ?
Porter la lumière de toute part, en tout lieu,
paraître pourtant ignorant de tout, le peux-tu ?
Donner vie à la vie, comme elle vient,
sans jamais chercher à la posséder,
agir sans escompter de retour, sans violence,
lumineux secret du juste chemin.
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Lao Tseu – Chemins –
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#11
Trente rayons s'assemblent
autour du moyeu de la roue.
Ainsi, le vide permet au chariot d'avancer.
Le potier tourne le vase d'argile,
autour de son volume vide,
et voilà une utile poterie.
De même, l'habitation exige
portes et fenêtres,
pour devenir habitable.
Ainsi, ce qui nous est utile
provient de ce qui n'est pas,
nommément le vide,
le creux, l'absence de forme.
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Lao Tseu – Chemins –
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#12
Les cinq couleurs émoussent la vision humaine.
Les cinq notes assourdissent l'ouïe humaine.
Les cinq saveurs gâtent le palais délicat.
La chasse épuise le souffle du chasseur.
L'appât du gain et du profit de même.
Aussi le sage pense à son estomac, certes,
et sûrement pas aux fourbes apparences.
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#13
Cultiver l'opprobre, chercher les faveurs,
deux chemins tortueux, et pénibles !
L'injure et l'injustice sont blessures.
Redouter l'une et l'autre, donc.
Craindre l'infortune serait sage.
Préférer le sort convenable, selon moi.
Cultiver la vie, simplement.
Même si le sort est contraire.
La vie vient comme elle vient,
et elle va de même, sans doute.
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Lao Tseu – Chemins –
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#14
Regarder, mais sans voir.
Ni savoir s'il y a danger inconnu.
Ecouter, mais ne rien entendre.
Savoir alors comme c'est rare.
Palper sans pouvoir toucher,
sans doute est-ce minuscule.
Trois aspects de l'indicible.
On peut les confondre.
Pourtant, si le sommet n'est pas
éclairé, la base n'est pas obscure.
Le lien est indicible, il appartient
au domaine de l'immatériel.
Comme une assertion sans assertion.
Et tout semble incertain.
Accueillir sans la voir l'apparence,
la suivre en ne voyant que son dos,
poursuivre selon le vieux chemin
la juste marche jusqu'au présent,
ainsi cheminer dans le bon sens,
tel est le présent du juste chemin.
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道
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Lao Tseu – Chemins –
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#15
Autrefois, le bien était un chemin pratiqué et connu
de chacun, sans qu'il soit besoin même d'en parler.
D'instinct. Ainsi le pouvoir était discrètement contenu.
Comme en hiver, on se prépare à traverser une rivière,
comme lorsque de toute part il y aurait danger,
alors il convient de garder contenance, prudence.
Le cœur simple est sans complication.
Il a l'apparence d'une vallée.
Il se trouble, comme l'eau chargée d'argile.
Il est tranquille comme l'immensité de l'océan.
Et pourtant incessant comme l'est le vent.
Ainsi circule son énergie, vivace et douce.
Paisible mouvement de la vie,
qui préserve son accomplissement,
sans qu'il soit besoin de le désirer.
Les humains ne sont pas parfaits, en effet.
C'est pourquoi ils se renouvellent, et vivent.
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#16
Celui qui choisit le chemin de la sérénité
se concentre sur le calme et le repos, le vide.
Il contemple la vie, et son cheminement,
comme une répétition, un permanent retour.
Ainsi les herbes des champs reviennent,
après floraison, à leurs racines,
les humains de même.
Retrouver ses racines, calmement.
Rester vivant, préserver la vie. Conscience.
Sans cette vigilance, constante, cauchemars.
Rester vigilant et attentif, maintenir la juste posture.
Le juste trouve le chemin du temps, ainsi.
C'est-à-dire le chemin de la longévité.
Jusqu'à ce que même le corps
ne connaisse pas la mort, peut-être !
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#17
Autrefois, les anciens étaient connus, car ils avaient
descendance, et parentèle multiple, et évidente autorité.
Par la suite, ils furent craints, puis méprisés,
on ne leur faisait plus confiance, hélas !
Paroles tombées aussitôt dans l'oubli.
Sic transit...
Ainsi en advint-il parmi les cent familles,
qui en prirent à leur aise, et se crurent libres.
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#18
Quand le juste chemin s'efface et s'obscurcit,
les humains en viennent à réclamer justice.
Quand l'intelligence et la sagesse manquent,
vient le temps de la grande supercherie.
Quand les six familles cessent de vivre en harmonie,
y aurait-il compassion et respect filial ?
Quand les contrées et les pays connaissent
désordre et confusion, y aurait-t-il
des citoyens loyaux et dévoués ?
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道
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#19
Renoncer à la sagesse, oublier le sage,
les gens seront heureux, cent fois plus !
Oublier l'humanité, la justice, et les gens
retrouveront la compassion, le respect filial !
Renoncer aux magouilles, au profit, au vol,
les brigands et les prédateurs disparaîtront !
Ces trois comportements ne suffisent pas,
chacun trouve sa place selon la nature,
*la modestie de ses besoins, ou encore
la simplicité de ses désirs.
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#20
Oublier les nuances, choisir l'indifférence ?
Ne plus savoir où est le bien, ni le mal ?
Ne plus craindre ce qui effraie les humains ?
Perdre alors tous ses repères, dans la peur.
La foule se réjouit bien vite, bien vite.
Comme si elle disposait de l'abondance.
Pour ma part, je ne crois aucun présage.
Comme si j'étais encore un nourrisson.
Comme si j'allais à la dérive, en vain.
La foule profite des richesses et des biens,
moi, il ne me reste rien, semble-t-il.
Je suis un humain à l'esprit borné.
Je suis confus et incertain, quand la foule
s'enthousiasme, je défaille.
La foule examine attentivement,
moi, je suis empli de mélancolie.
La foule s'organise, je demeure,
stupide et borné, idiot, sans but aucun.
Seul parmi les humains, je révère
les nourritures que nous offre la mère nature.
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#21
Au creux du bon chemin, je chemine, justement,
sans hâte, pas à pas. La bonne direction me semble
difficile à cerner, à discerner. Indistincte et vague.
Comme la forme de l'apparence, semblance.
Comme une ébauche, une esquisse, une trace.
La matière, l'énergie, nous semblent obscurs secrets.
Pourtant le bon chemin est une évidence, formelle.
Elle a traversé les temps depuis l'antique à ce jour.
Sa valeur demeure, visible, lisible, formelle.
Elle demeure, comme un présent, éprouvé.
D'expérience.
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#22
Ce qui est courbé, faussé, devient juste, debout. Droit.
Ce qui était vide, se remplit. Ce qui est précoce devient mature.
Ainsi la sagesse humaine devient une, et juste.
Et le temps trouve sa forme unique.
Avec le temps, les choses trouvent leur raison.
Le temps est manifestation. Sans répit, tout devient.
Alors vient l'accomplissement. Sans vanterie.
Invariablement. Ainsi l'humain triomphe sans combat.
Parce qu'il avance sans combattre, vient le temps.
L'adage des anciens, comment pourrait-il mentir ?
Sincèrement juste et droit, il le devient.
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#23
Parcimonieuses, qu'elles le soient, tes paroles !
Comme le vent, qui ne dure pas plus d'une matinée,
et s'essouffle, comme la pluie soudaine, qui s'achève,
dans la journée. Le ciel les produit, en tel lieu,
ni la terre, ni le ciel ne durent au delà du temps…
N'en est-il pas de même pour les humains ?
Ainsi suivre le juste chemin, sans aucune hâte !
Celui qui suit le bon chemin est comme le bon chemin,
son caractère devient semblable au bon chemin.
Celui qui se perd en chemin devient semblable à sa perte.
Celui qui sourit au chemin de même, le chemin lui sourit.
Celui qui chante le juste chemin, de même,
le chemin l'enchante, et le réjouit.
Celui qui choisit le dénuement, la modestie,
la parcimonie, de même, ce chemin lui convient,
et lui sourit, tout simplement.
A l'évidence, il ne suffit pas de savoir comment cela est,
ni pourquoi, s'il n'y a pas d'évidence.
Et pourtant !
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#24
S'il ne se tient pas debout, droit,
comment pourrait-il marcher ?
S'il ne se félicite que de lui-même,
aura-t-il quelque éphémère mérite ?
S'il ne considère que sa propre personne,
n'est-il pas proprement insupportable ?
Ce voyageur-là ne sera-t-il pas méprisé
comme déchet, rebut infréquentable...
Nourritures et paroles superflues,
mauvaise route.
Le voyageur avisé se garde bien
de demeurer sur ce chemin-là.
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#25
Une chose confuse advient,
avant même que le temps ne soit venu.
Immobile, solitaire, unique, comme le vide,
cela demeure sans changer.
Comme un voyage immobile, sans aventure.
Peut-être un temps de gestation.
Pour ma part, je ne sais le nommer.
Le mot qui dirait son pouvoir,
ce serait la voie, le voyage, le juste chemin.
Dao. Le droit chemin.
Le pouvoir de ce nom est puissant.
Profond et fatal, à la fois, lointain, et proche.
Comme le revers de la médaille,
l'autre face des choses.
Ainsi, le chemin du voyage est puissant,
temps profond, démarche subtile,
comme celle des humains, le grand voyage.
Quatre domaines constituent le voyage.
Voici comment et pourquoi.
Le pouvoir du peuple, des humains,
réside dans leur union, ici, et là.
Le peuple suit la loi de la terre,
la terre suit la loi du temps,
et le temps suit la loi du juste chemin.
Le juste chemin est simplement
celui que convient de lui-même,
naturellement...
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道 dao
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Lao Tseu – Chemins –
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#26
Lourd et pesant, racine de la légèreté.
Calme et tranquille, calme l'impatience.
Aussi rester lourd et lent, sérieux et calme.
Gentiment. Tout au long du chemin de la vie.
Même s'il existe quelque précieuse gloire,
passer outre, comme il convient.
Comment servir la multitude,
si l'on ne sait se conduire soi-même
avec pondération, mais légèreté, calme
et souriant, - tout au long du chemin.
Gentiment.
Le pouvoir observe les racines,
et abandonne l'impatience.
Bienveillance.
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#27
Marche sans laisser la moindre trace
de ton passage. Parle sans crainte
d'avoir à en rougir. Compte, mais
ne fais point de subtil calcul.
Ferme ta porte, si tu le souhaites,
mais sans la barricader d'un verrou.
Ce à quoi tu t'attaches, que ce soit
avec des liens suffisamment lâches.
Ainsi le sage s'attache à préserver
l'humain, sans asservir le peuple,
ni sans l'abandonner à son sort.
Son chemin le conduit à toujours
servir le bien, justement, en fait,
aussi ne l'abandonne-t-il pas.
C'est ainsi que s'éclaire sa démarche.
Il enseigne le bien aux humains,
sans avoir à enseigner, à proprement parler.
L'homme de bien s'adresse à ceux
qui ne le sont pas, certes, il leur est
comme une ressource, mais ils sont
pour lui aussi comme une ressource.
L'un et l'autre dépendent l'un de l'autre,
grande sagesse, grande merveille en vérité.
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Lao Tseu – Chemins –
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#28
Garder conscience de sa force
et de sa faiblesse, est le juste chemin,
la mesure du temps et de ses aléas,
ainsi ses qualités demeurent,
vont et viennent, comme le fait l'enfant.
Garder conscience claire de la face sombre
des choses, et de la forme du temps,
ainsi les choses vont et viennent
sans atteindre l'excès ni la démesure.
Elles reviennent sans atteindre l'extrême.
Garder conscience que ni la gloire,
ni la disgrâce n'échappent aux aléas du chemin,
et le temps veille sur le chemin, comme il convient.
Simplement, la simplicité se suffit.
Elle est présente comme le meilleur moyen
et le sage se dirige grâce à elle, en fait.
Ainsi sommes-nous indemnes.
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#29
Celui qui désire prendre le pouvoir absolu,
il n'y parviendra pas. Je crois qu'il sera empêché.
Le pouvoir domine ceux qui le désirent, en effet.
C'est pourquoi ceux-là seront défaits,
et donc contraints à l'abandon.
Peut-être celui-là avancera, l'autre suivra,
mais l'un renâclera, l'autre s'essoufflera.
Prendre le pouvoir, par la force, sans doute,
et se retrouver vaincu, défait, sans doute,
c'est risque de destruction,
Aussi le sage s'écarte et prend ses distances,
il demeure pacifique et paisible,
à l'écart de ce chemin-là.
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#30
Ainsi le juste chemin conduit chacun
à se bien conduire, par lui-même,
et non à occuper son temps à user
ses forces à guerroyer, sans répit.
Les troupes installent campement
en des lieux souvent épineux,
en des positions conflictuelles,
où les armées font face au désastre.
Mieux vaudrait pouvoir choisir
une stratégie sans user de la force.
Obtenir ce résultat sans forfanterie.
Qu'il obtienne sans arrogance
l'arrêt des hostilités, sans user de ses forces.
Epuiser ses forces n'est pas le juste chemin,
la bonne démarche est sans violence.
Et peu importent les vieilles règles !
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#31
Les humains devraient se garder
des armes et des armées, qui sont
de funestes et mauvais présages.
Le noble se tient au second rang,
le général occupe la première place.
Les armées en effet sont
de funestes et mauvais présages.
Mieux vaudrait s'en passer.
S'arrêter avant d'y avoir recours.
Préférer la tranquillité paisible.
La victoire n'a rien de glorieux,
- rien de réjouissant à tuer d'autres humains.
Se réjouir des massacres est sinistre présage.
Aussi préférer le second rang, et non pas
la première place, qui convient au général.
Lorsque vient le temps des funérailles.
Le massacre de multitudes d'humains
est cause de larmes et de chagrin.
Lourds sanglots, l'armée est victorieuse,
- voici le temps des funérailles.
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#32
Le juste chemin demeure, sans lieu, sans nom.
Simple et minuscule instant, son énergie court le monde.
Le pouvoir semble le garder, il est accueillant à tout.
Le ciel et la terre s'accordent pour lui donner sa saveur.
Le juste chemin demeure, équitable pour tous.
Mais dès qu'il a été nommé, ce nom lui a donné naissance.
Et la loi commune est advenue. Comme une limite.
Connaître cette limite pour éviter le danger.
Ainsi il y a un chemin, qui suit le temps,
et un chemin comme la rivière, qui suit la vallée,
comme la rivière retourne à l'océan.
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Lao Tseu – Chemins –
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#33
Connaître l'humain, chemin de la sagesse.
Se connaître soi-même, chemin de la compréhension.
Maîtriser l'humain, chemin commun du pouvoir.
Se maîtriser par soi-même, signe de force intérieure.
Connaître ce qui nous suffit, chemin de la richesse.
Améliorer la conduite des affaires, affaire de volonté.
Sans oublier certes sa propre durée, longévité.
Savoir que tout disparaît sans disparaître, pérennité.
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#34
Le juste chemin circule partout,
de droite, de gauche, de ci, de là,
la multitude des choses et des êtres
dépend de son parcours, qui les fait
advenir, et subsister.
Sans même que cela soit dit.
Il donne forme à la multitude
des choses et des êtres, sans même
les posséder. Jamais son désir
n'est dit, si minuscule soit-il.
La multitude des choses et des êtres
lui reviennent, lui retournent,
mais sans qu'il les dirige.
Aussi peut-on le dire grand.
Et il atteint sa fin sans qu'il soit
besoin de le dire grand.
C'est pourquoi il est grand.
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#35
Saisir la forme profonde du temps,
qui advient puis s'estompe, se dégrade,
mais vient sans difficulté, sereinement,
calme souriant, au plus haut point.
Il y aura des réjouissances,
festivités pour accueillir les hôtes,
et inviter les voyageurs.
Pourtant le bon chemin
paraît fade et insipide,
insuffisant en apparence.
On l'écoute sans l'entendre.
On l'aperçoit sans le voir.
Inépuisable présent.
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#36
Ce qui se trouve solidement fermé,
a probablement été ouvert auparavant.
Ce qui paraît affaibli, a sans doute été
fort solide auparavant. Sur le point de s'épuiser,
et autrefois florissant, de même.
A la veille de posséder, parfois,
au lendemain de donner, parfois.
Voilà petit savoir, minuscule trouvaille.
Ce qui est faible porte le germe du renforcement.
Le menu fretin demeure au profond de l'abîme.
Que le pays trouve profit et bénéfice
sans exposer ses forces ni sa population.
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Lao Tseu – Chemins –
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#37
Le droit chemin demeure
sans qu'il soit nécessaire d'agir,
et pourtant il porte jusqu'à l'horizon.
Le pouvoir dominant en détient la garde,
la multitude s' y conforme en conséquence.
Elle s'y conforme et pourtant le souhaite.
Pour ma part, je m'en tiendrai au simple silence.
Sans un mot, simplement, demeurant sans désirs.
L'absence de désir produit la quiétude.
Et le temps en fait de même. De lui-même.
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Lao Tseu – Chemins –
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#38
Le chemin du juste n'est pas juste
s'il a besoin de montrer qu'il est juste.
Une moindre bonté ne serait plus
de la bonté. La bonté agit
sans qu'il soit besoin d'agir.
Pourtant elle ne manque pas d'effet.
Une moindre bonté ne manque pas d'effet.
Les humains agissent, en effet,
et parfois n'agissent pas,
ce qui n'est pas sans effet...
Choisir la justice
pour agir ou non, et alors la servir.
Que l'action soit comme un don,
et non pas comme par devoir.
Suivre la confusion des armées
c'est s'y jeter, précisément.
Ainsi, quand les humains abandonnent
le juste chemin, ils perdent par là même
toute bonté, toute justice.
Manquer de bonté, c'est tourner le dos à son humanité.
Manquer d'humanité, c'est tourner le dos à la justice.
Manquer de justice, c'est tourner le dos au bon droit.
L'homme doué de loyauté pratique la parcimonie.
S' il récite le texte à la lettre, sans y penser,
langage fleuri, mais vidé de sa substance.
Le grand homme se tient à distance,
et marche à grands pas, sans pingrerie,
il préfère l'honnêteté aux discours fleuris,
aussi reste-t-il à l'écart des beaux parleurs.
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* * *
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Lao Tseu – Chemins –
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#39
Du passé nous provient la connaissance de l'unique.
Le ciel est clair et limpide, il est unique.
La terre est paisible et tranquille, elle est unique.
L'intelligence est spirituelle, lumineuse, elle est unique.
La vallée trouve la plénitude, elle est unique.
La multitude a la propriété unique de naître à la vie.
Le pouvoir a la propriété d'agir, dans la durée, ou non.
Il se transmet, ou dépérit, il est unique.
Le ciel, s'il perdait sa clarté unique, répandrait l'effroi et la terreur.
La terre sans sa douceur unique, répandrait la terreur, de même.
Les esprits, sans leur intelligence propre,
répandraient la peur sans répit.
Sans sa plénitude, la vallée deviendrait un désert stérile et sinistre.
La multitude, sans la faculté de donner la vie,
deviendrait stérile et sinistre. Le pouvoir,
sans sa mesure, deviendrait un effrayant gâchis.
Ainsi ce qui est valeureux peut considérer ce qui manque
de valeur comme ses propres racines et sa source.
Ce qui est haut et grand dépend de sa base, ses racines.
Le pouvoir lui-même dépend de la multitude,
et se prétend orphelin ou veuf, voire démuni de tout.
Ces assertions ont une origine, sans doute fallacieuse.
Sans doute ? Quémander une réputation, pas de réputation...
Le jade n'a aucun désir d'être considéré comme précieux,
c'est pourtant un ornement précieux comme s'il était de pierre !
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Lao Tseu – Chemins –
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#40
C'est du manque que provient
la fonction du chemin.
C'est de la faiblesse
que le chemin prend sa force.
Le temps préside à la durée
de la multitude des êtres vivants.
La vie vient naître là où elle n'est pas.
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Lao Tseu – Chemins –
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#41
Les écoles supérieures entendirent parler du Chemin,
et elles s'y appliquèrent. Les écoles populaires
entendirent parler du Chemin, comme d'une survivance.
Puis on entendit de grands éclats de rire, dérision à son propos.
Il n'est pas nécessaire de rire, pour agir et suivre le bon chemin.
Puisqu'il existe, pourtant, en vérité.
C'est un chemin secret.
S'engager sur le bon chemin ressemble
à son contraire, à se retirer.
L'apparence du juste chemin ressemble
à l'obscurité étrange d'une défaillance.
Et son cheminement ultime est comme le lit de la vallée.
Même l'extrême blancheur peut se trouver salie.
Qu'il ait de nombreux bénéfices ne semble pas suffisant.
Promouvoir une morale juste semble escroquerie, chapardage.
*
Ainsi disaient les anciens : « Le juste chemin ?
« c'est grand comme un carré qui n'a plus de coins,
« comme un outil devenu inutile,
« comme un son perdu dans le bruit,
comme une forme sans apparence... »
Le juste chemin demeure caché,
comme un silence sans paroles.
Le sage demeure sur le bon chemin,
jusqu'à lui prêter son accomplissement.
*
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Lao Tseu – Chemins –
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#42
Dao, le bon chemin appelle et engendre le premier pas.
Le premier pas appelle et engendre le second pas.
Le second pas appelle et engendre le troisième.
Puis le troisième appelle et produit la multitude
des choses et des êtres, celles et ceux du versant doux,
celles et ceux du versant solaire. Yin, yang.
Un souffle puissant préside à leur rencontre
et produit et engendre l'harmonie.
Mais les humains n'apprécient pas
la sensation de solitude et d'abandon.
Et même les pouvoirs hiérarchiques se qualifient ainsi,
comme s'ils étaient solitaires et démunis.
Et même les rois cherchent à trouver un équilibre convenable.
Des choses néfastes peuvent devenir profitables.
Des choses bénéfiques peuvent devenir néfastes.
A chacun de trouver l'enseignement qui lui convient.
J'enseigne cela, pour ma part. Utiliser la force,
c'est le moyen qui conduit au désastre et à la mort.
Je m'en tiens à enseigner ceci, comme un juste principe.
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Lao Tseu – Chemins –
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#43
Le temps veille sur la douceur, la lenteur,
prendre le temps, lui laisse celui de faire son œuvre !
Rien ne presse. L'énergie circule là où
elle ne rencontre pas d'obstacle, elle se glisse.
Subreptice, dans les interstices.
Pour ma part, je penche vers le laisser faire,
ne pas agir est souvent bénéfique et profitable.
Et ne rien dire, garder le silence,
demeure l'enseignement le plus sage.
Les choses se développent d'elles-mêmes.
Il n'est donc pas besoin d'agir.
Ainsi garder le temps
rare et précieux, de savourer le présent.
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Lao Tseu – Chemins –
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#44
Votre nom, ou votre vie,
lequel vous importe le plus ?
Votre vie, ou vos biens,
lesquels comptent le plus ?
Vivre malade ou mourir, que choisir ?
Parfois ce que nous aimons
est ce qui nous coûte le plus.
Même nos trésors les plus chers
peuvent venir à disparaître.
Savoir ce qui nous est suffisant
n'est pas une disgrâce.
Savoir où s'arrêter
permet d'éviter le danger.
Ainsi, préserver la durée,
permanence du temps.
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Lao Tseu – Chemins –
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#45
Le grand succès ne manque pas de petits échecs.
La grande plénitude vient de petites et maigres contributions.
La bonne droiture suppose quelques courbes et courbettes.
L'esprit le plus vif semble parfois ralenti...
Le meilleur orateur a parfois la langue un peu lourde...
La patience tranquille l'emporte sur l'impatience fébrile.
La froideur l'emporte sur la chaleur.
L'esprit lucide et paisible,
bon usage du temps présent.
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#46
Le temps survint, et il y eut le chemin.
On y trouvait cependant le crottin des chevaux.
Le temps vint, où il n'y eut plus de chemin.
Dans les campagnes, il y eut des guerriers, et leurs chevaux.
Il n'est pire menace que de ne pas savoir où s'arrêter.
Il n'est pire calamité que de dépendre de ses besoins et désirs.
Mieux vaudrait connaître les limites de ses propres limites.
Ce qui suffit est toujours suffisant.
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#47
Sans même passer le seuil de la maison,
contemple le temps qui passe,
sans même regarder par la fenêtre,
contemple le cheminement du temps.
Plus loin, il va, moins il en sait.
Ainsi le sage trouve son chemin
sans bouger, sans regarder, sans parler,
en silence,
– sans agir, il atteint l'accomplissement.
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#48
Choisir l'étude et avancer, jour après jour.
Prendre le bon chemin, et devenir comme le juste chemin,
jour après jour. Avancer ou reculer, comme il convient.
Perdre son chemin, éveil de chaque jour.
Oublier son chemin, recommencer ! Répétition.
Ceci conduit à ne rien faire, si ce n'est délibéré,
librement réfléchi. Ne rien faire et pourtant avancer.
Choisir le bon moment, le bon jour, pour cela.
Joli travail, bon travail, bonne affaire...
Atteindre cela qui vous importe,
et ne pas se mêler du reste.
N'en pas limiter la durée, jour après jour.
Pérennité.
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Lao Tseu – Chemins –
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#49
Le sage n'a point l'esprit immobile,
il se conforme à l'esprit des gens,
et agit selon son cœur.
Il considère les braves gens,
avec mansuétude et bienveillance.
Sa gentillesse embrasse aussi bien
les braves gens, et ceux qui ne le sont pas.
Vraiment, à l'évidence, il fait confiance.
Il donne sa confiance, même à ceux
qui ne lui font pas confiance, sincèrement.
Le sage demeure présent, là où il demeure,
même quand il voyage dans la contrée.
Il demeure présent même s'il a le cœur triste.
Les gens l'observent, l'écoutent, certes.
Sa démarche ressemble à celle d'un enfant.
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Lao Tseu – Chemins –
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#50
Perdre la vie, entrer dans la mort.
Sur ce chemin, si pour dix compagnons, il en reste trois,
on en comptera trois dans la mort.
Nous passons notre vie à rejoindre la terre.
Dix étapes, et trois compagnons aussi, de même.
Nous passons notre vie, vivant généreusement.
Bien entendu... Nous accumulons.
On dit que celui qui tient à la vie
ne rencontre point le tigre féroce.
Il ne claironne pas sa présence.
S'il croise des forces armées, l'absence
d'armure lui sert de défense, de couverture.
Le tigre passe sans pouvoir user de ses griffes.
Les soldats passent sans sortir le glaive.
Et s'il ne rencontre pas le trépas,
c'est parce qu'il n'était pas là.
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Lao Tseu – Chemins –
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#51
La vie est le chemin. Le chemin cultive le vivant.
Le bon chemin suit ce qui bon pour le vivant.
Ainsi chaque chose trouve sa forme et son accomplissement.
La multitude des choses et des êtres
ne manque pas de suivre ce chemin, le chemin.
Il désigne ce qui nous est précieux, le juste chemin.
La bonté nous est précieuse, précisément comme la vie.
La droiture et la gentillesse, l'humanité en somme.
La raison du droit et juste chemin, c'est la vie,
qu'elle soit correcte, ou même bonne.
Le bon chemin assure la nourriture, la subsistance du vivant.
Il l'abrite, le soigne, l'élève, le cultive, le protège.
Il lui donne vie, sans la posséder.
Sans rien demander. Sans même agir.
Mystérieuse puissance, n'est-il pas ?
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Lao Tseu – Chemins –
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#52
Sous le ciel, la terre est la mère des choses et des êtres,
la vie est apparue dans ce mouvement, puissant moment.
De ceci il provient que la mère produit ses enfants,
les êtres dont la mission, la fonction est de la protéger,
cette vie, cette terre, cette mère qui porte la vie..
De la garder de tout danger. Qu'ils gardent ce trésor,
comme derrière portes closes, c'est veiller sur la vie,
de préférence avec diligence, sinon serait-elle en danger ?
Le moindre détail nous éclaire, et nous conseille
de préserver nos forces, sans les dilapider. En douceur.
Garder l'esprit clair et lucide, ne pas risquer sa vie,
cultiver son corps et son esprit, toujours, toujours.
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#53
Si j'avais connaissance par moi-même de ce qui existe,
et de ce qu'il faut savoir, je m'en irais sur le grand chemin.
Je crains cependant d'y croiser les bandits de grand chemin,
et préfère les petits sentiers, bien peu fréquentés.
Les lieux écartés, la campagne inculte, les greniers vides,
les coutumes et les parlers locaux, les accoutrements régionaux.
Là où l'on se moque des nourritures communes
et des breuvages ordinaires,
c'est-à-dire chez les prédateurs,
c'est le résultat d'un pillage,
dont il n'y a pas lieu de se vanter.
Ce n'est point cela, le bon chemin, n'est-ce pas ?
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#54
Celui qui choisit d'entreprendre le bon chemin,
ne doit pas craindre que son choix soit mis en cause,
sinon les générations suivantes abandonneraient
à leur tour le respect des anciens, en retour.
Cultiver la vie, la bonne forme, bonne habitude !
Cultiver la famille, la gentillesse, honnête habitude.
Développer le village, ses échanges, et il demeure.
Développer le pays, ses richesses, créer l'abondance.
Veiller sur le temps et la durée, sur le présent,
qu'ils soient généreux pour chacun et pour tous.
Ainsi la vie devient vraiment notre bien essentiel.
Veiller sur la famille, et selon la famille,
veiller sur le village, et selon le village,
veiller sur le pays, et selon le pays,
veiller sur le temps, et selon le temps,
qui passe, vient et s'enracine, précisément
selon qu'il suit ou non le bon chemin, justement.
Je sais cela, d'évidence, puisque c'est ainsi !
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#55
Qui persévère dans la gentillesse et la générosité,
est comme le nouveau-né, qui ne craint point
les piqûres des insectes venimeux,
ni les bêtes féroces, ni les oiseaux de proie.
Ses os sont souples, ses muscles sont frêles,
et pourtant, il tient fermement ce qu'il prend.
Il ne connaît pas la différence des sexes,
et pourtant le sien se dresse déjà.
Son énergie a déjà atteint sa plénitude.
Il crie toute la journée, sa voix ne s'éraille pas !
Il vit en harmonie avec lui-même.
Connaître cette harmonie est comme présence.
Connaître cette présence est comme compréhension.
Améliorer la vie, c'est une bénédiction.
Le souffle vital améliore et fortifie le cœur et l'esprit.
Quand les choses se renforcent, elles vieillissent.
Et cela n'est pas suivre le bon chemin...
Ce n'est pas le bon chemin de s'arrêter en chemin !
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#56
Celui qui sait n'en dit rien,
celui qui en parle n'en sait rien.
Embarrassé, discret, déluré, confus,
il chantonne, ignorant la poussière,
en harmonie avec les détours du chemin,
sa démarche semble obscure, mystérieuse.
C'est ainsi qu'il semble sans relations,
dénué d'attaches, comme négligeant.
Impuissant, et pourtant profitable,
innocent, et pourtant sans danger,
inaccessible, et pourtant indispensable,
insuffisant, et pourtant de peu d'arrogance.
Ainsi le mouvement du temps,
cheminement, sereinement,
trouve sa noble et juste mesure.
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Lao Tseu – Chemins –
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#57
Avec droiture, gouverner le pays.
Avec parcimonie, utiliser l'armée.
Sans rien faire, choisir son temps.
Et je sais que ce chemin est correct.
Voici pourquoi.
Quand le temps est à l'interdiction,
aux impôts, aux restrictions,
le peuple s'appauvrit.
Quand le peuple perd ses moyens de vivre,
les familles souffrent de la famine.
Les hommes trouvent alors
des moyens de survivre, malgré leurs peines,
et les rapines prolifèrent, en conséquence.
Ainsi parle le sage. Le peuple apprend,
et change, sans qu'il soit nécessaire d'agir,
J'aime le calme et la tranquillité, certes,
le peuple aime aussi la droiture et la bonté.
Je n'apprécie pas les affaires, le peuple
chérit les richesses, certes. J'aimerais
n'avoir aucun besoin, le peuple, de même,
aimerait une vie facile, tout simplement.
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#58
Si le pouvoir s'essouffle ou s'éteint, alors
le peuple, honnêtement, devient honnête...
Si le pouvoir devient inquisiteur, alors
le peuple semble manquer de tout !
Le désastre suit les temps fastes,
sans cesse, et l'inverse de même.
Ce qui paraît bon et bien
nous séduit en vain, et s'avère néfaste...
Nos passions nous aveuglent, et les temps
deviennent insupportables, longtemps.
Aussi l'homme sage choisit ce qui est juste,
il évite ce qui ne l'est pas. Sans doute.
Il se montre correct, sans être blessant.
Il est droit, sans être hypocrite et fourbe.
Il reste lucide, sans se croire éblouissant.
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#59
Gouverner les humains et leur affaires
n'exige rien d'autre, en vérité, que la parcimonie.
L'homme économe prend soin de lui-même,
dès le matin, avec modération, et dès lors,
il économise ses forces et son temps, à foison.
Ce faisant, il accumule de quoi tout réussir.
Rien ne l'arrête, sur ce juste chemin.
Il suit ce principe, et le voilà à la tête du pays.
Car il considère le pays comme sa terre maternelle,
et la respecte assurément longtemps et pour longtemps.
Ce sont là de profondes et solides racines.
Tel est le bon chemin pour atteindre une longue vie.
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#60
Gouverner un grand pays ressemble
à cuisiner de la petite friture !
C'est pourquoi le bon chemin suppose
que le responsable préposé veille
sur le temps et non sur les esprits,
non sur les supposés fantômes.
Les esprits ne blessent pas les humains.
Le sage non plus ne blesse pas les humains.
Pour quelques sous, les humains
échangent des coups et se blessent.
Bonne raison pour reprendre
le bon chemin, et comment !
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#61
Un grand pays dépend des fleuves qui le traversent.
Le ciel lui procure la terre, le temps lui procure les ressources.
Les femmes lui donnent progéniture, et quiétude,
les hommes de même, quand ils agissent paisiblement.
Ainsi, les grands pays s'organisent comme les petits,
qui le composent, et qui échangent et commercent.
Et les petits pays s'organisent pour devenir grands.
Ainsi vont et viennent, se font et se défont les alliances.
Un grand pays ne peut montrer deux fois son appétit
pour les mêmes populations locales. Les petits pays de leur côté
n'ont pas le désir d'être confrontés aux barbares !
Ainsi ces deux catégories de pays voient leurs vœux exaucés.
La modestie est reine. Grandes perspectives, en effet !
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Lao Tseu – Chemins –
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#62
Le bon chemin comporte certes
une multitude de choses obscures.
Les hommes bons lui sont précieux.
Ceux qui ne le sont pas le servent aussi.
D'excellentes paroles peuvent bien
occuper et décorer la place publique...
D'excellents passants et chalands
enrichissent bien des marchands.
Et ceux qui manquent de bonté,
faudrait-il les jeter à la rue ?
C'est ainsi que fut instauré le règne
d'un fils du Ciel, avec trois ministres.
On salue la bonne fortune, par avance,
et ses quadriges et ses chevaux, certes,
mais mieux vaut ne pas s'asseoir
au milieu du chemin, si l'on veut
avancer sur le bon chemin.
Les anciens respectaient le bon chemin,
sans proclamer leur vertueuse recherche.
Il reste bien des injustices à effacer.
Ainsi le pouvoir s'estime noble et précieux !
Ah !
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#63
Agir mais sans rien faire,
travailler, mais sans rien faire,
savourer la vie, mais sans la dévorer,
qu'elles soient petites ou grandes,
rares ou multiples, justes ou injustes,
les choses viennent comme il faut bien...
Prendre les problèmes difficiles,
comme s'ils étaient simples et faciles,
agir en profondeur,
en paraissant superficiel.
Le temps concocte des situations complexes,
nous les prendrons comme simples et faciles.
Le temps nous offre de grandes choses,
nous les prendrons par le menu détail.
C'est pourquoi le sage aboutit à ses fins,
mais non pas par de grandes actions.
Et pourtant, ses résultats sont excellents.
Celui qui s'engage à la légère n'obtient
que rarement ce qu'il a promis.
Bien des choses qui paraissent simples
s'avèrent compliquées et difficiles.
C'est pourquoi le sage considère
que les choses sont complexes et difficiles.
De là vient qu'il parvienne à ses fins,
sans rencontrer aucune difficulté.
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Lao Tseu – Chemins –
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#64
Ce qui est paisible s'avère simple à conduire.
Ce qui est précoce s'avère facile à diriger.
Ce qui scintille est aisé à fondre et mélanger.
Ce qui est minuscule particule peut bien s'éparpiller..
On peut dès lors agir précocement,
prendre soin de ce qui paraît prématuré, sans doute.
La graine de l'arbre n'est qu'une becquée,
de la taille d'un poil de pinceau, à son apparition.
Le donjon et ses neuf étages proviennent
d'une simple poignée d'argile.
Le chemin d'un voyage de mille lieux commence d'un seul pas.
Celui qui agit, produit sa propre perte,
quand il s'accroche à son échec.
Le sage n'agit pas, il y renonce,
et c'est pourquoi il ne connaît pas l'échec.
Sans s'attacher à rien, il ne connaît pas la perte.
Le peuple s'assemble pour agir, s'affaire, et le plus souvent il échoue.
Etre attentif à la fin aussi bien qu'au commencement,
pour ne pas connaître l'échec.
Ainsi se comporte l'homme sage.
Il désire, et son désir est de ne pas désirer.
Il ne désire rien de précieux, ni rien de rare,
ni biens, ni richesses, ni propriétés.
Il étudie, sans avoir à étudier,
le cheminement de la multitude lui sert de subsistance, de vie.
C'est ainsi qu'il vient en aide au peuple,
en étant lui-même juste et équitable, sans même oser s'en mêler.
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Lao Tseu – Chemins –
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#65
Le juste chemin, selon les anciens,
ne devait pas guider le peuple vers le bien,
ils le considéraient comme cheptel stupide.
Le peuple en devenait donc ingouvernable.
Et la sagesse se trouvait dilapidée en pure perte.
Car elle devait servir à guider le pays,
non le pays et ses voleurs !
Mais servir seulement le pays !
Le pays profite de sa bonne fortune,
s'il préserve à la fois la forme de son sol,
et en respecte la nature, précisément.
Obscurs chemins, profonds mystères.
Observer le mauvais pour trouver le bon...
Ainsi se produit l'amélioration des choses.
Raisonnables perspectives !
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#66
Les fleuves et les océans occupent la première place
dans l'ordre des énergies de la terre, cent vallées
en font la preuve. Ainsi les eaux répandent leurs bienfaits.
Et leur domaine s'étend par cent vallées.
C'est pourquoi le sage, s'il veut atteindre le peuple,
suit le même chemin, par le fond des vallées,
s'il désire être en première place, il fait abstraction
de sa personne et de sa vie, ainsi est-il sage.
Le peuple le respecte, parce qu'il n'est pas une charge.
Il est respecté, en premier lieu, parce qu'il n'est pas blessant.
Il aime le rire, la gaieté, mais pas ce qui est détestable.
Il n'ouvre aucune hostilité. Et personne ne peut l'affronter.
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#67
Grande idée que ce chemin, qui pourtant
ne ressemble à rien. Il chemine loin,
c'est pourquoi il n'est semblable à rien d'autre.
Rien d'étriqué dans cette notion de juste chemin.
Je pense qu'il existe trois précieux trésors.
Je les vénère et les respecte.
En premier lieu, je nomme la bienveillance.
La gentillesse, la compassion, l'humanité.
A la seconde place, je propose la parcimonie.
Au troisième rang, le fait de ne pas même oser
postuler aux responsabilités ni au pouvoir...
La bienveillance permet l'humanité.
La parcimonie permet l'harmonie.
La modestie permet la longévité.
Si aujourd'hui on oublie la bienveillance,
on perd l'humanité. Si on perd la parcimonie,
on oublie l'harmonie. Abandonner
la modestie serait mortelle prétention.
Ainsi, la bienveillance conduit à la victoire.
Elle est un invincible modèle.
Le temps lui donne raison, toujours.
La compassion est don suprême.
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#68
Celui qui cherche à bien agir, dans l'art de la guerre,
n'a rien d'un guerrier. Pour bien combattre, aucune colère.
La bonne victoire ne provient pas d'y prendre part.
Pour bien utiliser les troupes, il faut être à leur service.
Ne pas avoir à combattre est en fait un art.
Ainsi les forces humaines sont préservées.
Tel est l'enseignement suprême
que les anciens portaient au plus haut point.
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#69
Ancien dicton. Stratégique. Pour ma part,
je n'ose agir comme un seigneur de guerre,
mais plutôt comme un simple visiteur...
Ne pas oser avancer d'un pas, ni entrer,
mais plutôt décliner l'invitation. Mon avis.
Marcher, sans s'avancer.
Avancer, mais les bras ballants.
Saisir la situation, mais sans intervenir.
Personne ne subira de grand désastre,
s'il n'a que gentille opposition...
En douceur, la contradiction,
et les pertes seront selon moi
comme un précieux trésor...
Aussi, dans un conflit à forces égales,
la victoire va à celui
qui se montre miséricordieux.
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Lao Tseu – Chemins –
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#70
Ce que je dis est très simple à comprendre.
Et très simple à pratiquer.
A présent, personne ne m'entend,
personne ne met en pratique.
Mes paroles ont une source, mes travaux ont un ordre.
Cela reste méconnu. Et je reste méconnu.
Rares sont ceux qui me connaissent.
J'en suis pourtant tout à fait flatté !
Car ce sont des hommes sages.
S'ils portent des guenilles,
leur cœur est comme de jade.
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#71
Savoir que l'on ne sait pas,
tout d'abord. Certes.
Ne pas savoir ce que l'on croit
savoir, quelle tristesse !
S'attrister en vérité de cette tristesse,
ne mérite pas de s'attrister.
Le sage ne fait pas sienne
cette affligeante tristesse.
Il souffre de tristesse,
sans tristesse.
Souriant doucement.
Joyeusement, donc ...
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#72
Les citoyens ne craignent pas le pouvoir,
mais ils craignent son excès, énormément.
Ils cherchent des logements décents,
et des lieux habitables, non pas détestables.
Insupportables, exécrables, invivables.
Ainsi, il n'y aurait aucune détestation,
ni diatribes, ni récriminations.
Sages paroles, bon exemple, en somme.
Le sage se connaît, et demeure modeste.
Il s'estime lui-même, et ne s'enrichit pas.
Il discerne ce qui bon, et s'y tient, sans excès.
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#73
L'excès de bravoure conduit au massacre.
La bravoure qui ne se montre pas préserve la vie.
Ces deux attitudes conduisent
soit au meilleur, soit au pire.
Quand les temps sont mauvais,
qui saurait ce qui peut arriver ?
Quand les temps sont favorables,
ne pas s'y opposer conduit au succès !
N'en rien dire est la bonne réponse.
N'y rien faire, de même !
Le bon chemin est stratégie.
Le temps est un maillage d'instants,
d'allers et retours, d'inadvertances
et de récupérations. Régulation.
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#74
Le peuple ne craint pas de mourir,
et qu'y faire pour qu'il craigne cela ?
Comment l'inciter à craindre la mort ?
Faudrait-il quelque curieux miracle ?
Faudrait-il oser s'en saisir et le mettre à mort ?
Celui qui prendrait la responsabilité
de ce possible massacre, ce serait le bourreau ?
Les humains s'entre-tuent depuis toujours.
Cela ressemble au grand ouvrage
du bûcheron, qui entreprend de tailler la forêt.
Mais il n'est pas rare de voir celui-ci s'estropier,
et se couper le bras ou la main.
*
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78
Lao Tseu – Chemins –
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#75
Le peuple a faim,
parce que les dirigeants se nourrissent
de nombreuses taxes
qui sont causes de la disette et de la famine.
Et le peuple devient difficile à gouverner.
Voilà pourquoi les dirigeants ont du mal à gouverner ;
le peuple considère la mort comme à la légère.
Car il attend de la vie qu'elle lui donne une mort facile.
La vie de chacun ne dépend pas de nous-mêmes.
Et pourtant, n’est-elle pas un bien précieux...
*
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79
Lao Tseu – Chemins –
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#76
A sa naissance, l'humain est souple et faible.
Quand il meurt, il est ferme, solide et fort.
L'arbre et les plantes de même, naissent
souples et chétifs, ils meurent
desséchés, raides et pourris.
Ainsi, ce qui est fort et solide
devient compagnon et voisin de la mort.
Le pouvoir des forces armées de même
est voué à l'extinction.
C'est la force même de l'arbre
qui le conduit à être abattu.
La grande force réside dans la faiblesse.
Ce qui est doux et faible persiste.
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80
Lao Tseu – Chemins –
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#77
Le temps nous offre un cheminement
qui ressemble à l'arc de l'archer,
dont les deux extrémités se meuvent ensemble.
L'une monte quand l'autre descend.
Le surplus est diminué, le manque est rectifié.
Le temps est un cheminement
qui équilibre les défauts et les qualités,
harmonise le nécessaire et le suffisant.
Quant au cheminement des êtres humains,
il manque de discernement.
Ils prennent sans restituer,
ils donnent à ceux qui ont déjà trop,
ils oublient ceux qui n'ont déjà rien !
Qui ferait le contraire ? Le sage ?
Celui qui suit le juste chemin est sage,
il agit sans escompter de retour,
il accomplit son ouvrage, sans répit,
et ne désire même pas
passer pour … un bon diable !
*
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81
Lao Tseu – Chemins –
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#78
L'eau semble le plus faible et le plus malléable
des éléments de la nature. Pourtant,
rien ne lui résiste, de plus, elle est indispensable.
Le faible triomphe du fort.
Le doux triomphe du dur.
Personne n'ignore cela, et pourtant...
Le sage expose ceci :
Subvenir aux besoins du pays, quand il va mal,
c'est comme posséder la maîtrise du millet.
Soutenir les chances du pays, quand il va bien,
c'est comme agir selon le temps présent,
sans qu'il y ait lieu ni besoin d'agir.
Chaque médaille a son revers, comme on dit.
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82
Lao Tseu – Chemins –
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#79
L'harmonie entre les peuples et les gens
ne va pas sans un reste de désaccord :
retrouver le calme demande des actes justes.
C'est pourquoi le sage considère
les deux parties de l'accord, et n'exige rien
de personne pour sa propre part.
Il est juste que les accords soient respectés.
Il n'est pas juste de passer outre.
La bonne justice ne favorise personne.
Mais toujours elle s'accorde avec le bien public.
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83
Lao Tseu – Chemins –
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#80
Imagine un petit pays, pas trop peuplé.
Aurait-il quelque besoin de guerriers
chevronnés, et de leurs armes ? Certes pas.
Aurait-il quelque besoin de s'exiler et
d'aller mourir au loin ? Certes pas.
Aurait-il des vaisseaux, ou des chars,
en nombre suffisant, des armes et des cuirasses,
il ne les sortirait pas, et reviendrait aux vieilles techniques,
aux anciennes habitudes, aux usages ancestraux.
Il retrouverait alors le goût et la saveur
des nourritures simples.
Son bel habillement serait ses ornements.
Ses habitations seraient paisibles et tranquilles.
Les rires et la musique seraient ses festivités.
Les pays voisins prendraient son exemple.
Aux alentours, les aboiements des chiens,
et le chant des coqs, tranquille campagne…
Les gens deviendraient vieux,
jusqu'à l'heure de leur mort,
sans même la voir venir.
*
* * *
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84
Lao Tseu – Chemins –
* * *
#81
Les paroles vraies n'ont pas besoin d'être belles.
Les belles paroles ne sont pas toujours véridiques.
Celui qui est bon n'est pas bavard, les arguments
du bavard ne sont pas toujours sages.
Celui qui sait sait qu'il ne sait pas grand-chose,
celui qui étale son savoir ne sait rien.
Le sage ne thésaurise rien.
Dès lors qu'il se comporte comme un être humain,
son bonheur est acquis.
Dès lors qu'il agit comme un être humain,
il améliore le sort des autres humains en grand nombre.
Le bon chemin fait du bien, et ne blesse personne.
Sage est l'homme dont le cheminement
suit cette action sans dispute ni violence.
*
* * *
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85
Lao Tseu – Chemins –
* * *
Ce que nous sommes, en somme.
*
Epilogue
*
Nous sommes
l'air que nous respirons, et qui nous inspire, invisible,
nous sommes le vent qui passe, et laisse quelques traces,
dans la poussière. Particules en suspension, traces.
Nous sommes
la pluie, et l'eau des rivières, le lac et l'océan,
la cascade qui murmure, et nuages vagabonds,
l'eau que nous buvons, qui circule, nous lave,
désaltère, nous abreuve, et nous maintient vivants.
Et nous déversons à foison lisiers et déchets divers,
dans cette eau trouble ou claire que nous buvons.
Nous sommes
le souffle du vent, qui ridule la surface de l'étang,
et fait chanter le feuillage des arbres, des saules
sous les nuages, des charmes et des trembles.
Et nous détruisons les forêts primaires, sans vergogne.
Nous sommes
les larmes et la souffrance, la peine et le deuil,
l'oubli et la mémoire. Et parfois la joie, les retrouvailles,
l'amour ou l'amitié, la douceur ou la tendresse,
bienveillance.
*
86
Lao Tseu – Chemins –
Nous sommes ce feu qui nous réchauffe, nous anime,
et nous brûle, ou parfois nous dévore.
Nous sommes du pays du soleil, venus des étoiles,
mais aussi rêveurs de nouvelles lunaisons.
Nous sommes l’orage qui se déchaîne, et ravage
les villages et les champs, désastre dans les vignes.
Nous sommes la guerre, et la colère, et la désolation.
Nous sommes l’épidémie et la folie, l’ordinaire maladie.
Nous sommes le feu nucléaire qui couve dans nos centrales,
et produit des scories indestructibles et mortelles.
Nous sommes l’indifférence,
Nous sommes chaque enfant mort dans l’indifférence,
de soif et de faim, d’épuisement, de misère.
Nous sommes les bons sentiments qui nous inondent,
les belles paroles vaines, le discours humanitaire.
Nous sommes nos rebuts et nos déchets,
nos chômeurs et nos vieillards, ceux que nous laissons
sur le bord de la route, nos poubelles pleines,
le vide même de nos poubelles, ordures.
Nous sommes l’horizon, qui sépare et réunit,
entre ciel et terre, le temps qui passe, celui qu’il reste,
entre nous autres, et l’autre, nous sommes les barbares
devant la barbarie, dans le miroir éblouis.
Nous sommes la terre et la matière, le temps et l’énergie,
nous sommes ce qui nous manque, et nous fait de désir,
nous sommes ces paroles oubliées, promesses vides,
nous sommes l’eau parcimonieuse de nos partages.
*
87
Lao Tseu – Chemins –
Nous sommes nos rêves délaissés, et nos réalités présentes.
L’immensité de nos richesses, de nos cultures,
de nos savoirs, de nos biens, et la pauvreté insoutenable
de l’humanité presque toute. Insondable mystère.
Nous sommes dépositaires de cette petite planète,
qui nous abrite, nous offre ressources et nourritures,
nourrira peut-être nos enfants, ou nos petits-enfants,
et deviendra un jour ultime destination. Humus.
Rien qui presse, cependant, rien d’urgent.
Nous sommes aussi la petite mélodie,
qui danse dans les collines, la fonte des neiges,
le printemps et les rires joyeux des enfants,
le passage des saisons et des ans,
le sourire doux du sage, la main tendue,
la musique des nomades,
la beauté du désert,
la rêverie du poète.
nous sommes la vie qui chemine,
comme elle vient, comme elle peut.
*
* * *
88
Lao Tseu – Chemins –
*Lao Tseu – Chemins.*
*
http://fr.scribd.com/doc/215821242/Lao-Tseu-%E2%80%93-
Chemins-%E2%80%93-v03-pdf
*
* * *
*Bon Voyage ! Lao Tseu*
*
http://www.scribd.com/doc/210294540/Bon-Voyage-Lao-Tseu
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#dao
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v
89
Lao Tseu – Chemins –
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Lao Tseu
– Chemins –
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Traduction minutieuse et libre
Alain Constantin & Paco Alpi
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nouvelle édition,
revue et révisée,
texte intégral.
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90
Lao Tseu – Chemins –
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http :// www. scribd. com / doc /215821242/ Lao - Tseu -% E2%80%93-
Chemins -% E 2%80%93- v 03-pdf
● Voir aussi, si vous voulez, Le Mémoire de la Mue,
un document mémorable et vénérable.
Un chef d’oeuvre de la littérature chinoise.
http :// www. scribd. com / doc /352524/ Le - Memoire - de - la - Mue - Yi - Jing-
v5
● Voir aussi, si vous voulez, Les Quatrains
d’Omar Khayyâm, charmant classique persan.
http :// www. scribd. com / doc /6226809/- Les - Quatrains - OmarKhayyam
● Et quelques textes de référence :
http :// www. scribd. com / Paco %20Alpi
*
* *
Licence Creative Commons (CC BY-NC-SA 3.0 FR)
Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les
Mêmes Conditions 3.0 France
http :// creativecommons. org / licenses / by - nc - sa /3.0/ fr/
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道
#dao
marque-page
à suivre...
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91
là, que des signes
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
Anthologie de l'Imaginaire
Vincente di Milano & Paulo Alpi
° ° °
LA, QUE
DES
SIGNES
° ° °
Texte inédit intégral
Transcription originale
Traduction et adaptation : Paco Alpi
° ° °
Anthologie inouïe
de petits moments magiques
symboliques et secrets
Soixante formules naturelles & merveilleuses,
du temps vénérable du mémorable et ineffable
Traité de l'inexorable changement
° ° °
Remerciements intenses et vifs,
à celles et ceux qui ont relu cet opus,
à tous les autres, lectrices, et lecteurs,
et aux autres aussi, bien sûr.
°
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Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
° Enfin un texte qui ne prétend à rien...
Sauf à circuler librement, de proche en proche, vers son ultime destination, qui
précisément s'avère si voisine de son obscure origine, et si lointaine aussi.
Brefs petits passages issus de la nuit des temps, et retrouvés intacts par un
voyageur, explorateur et chercheur presqu'oublié, petites écritures autrefois
gribouillées sur des écailles de tortue, comme il s'en gravait par milliers
quelque deux ou trois mille ans avant notre ère, dans ce qui n'était pas encore
tout-à-fait mais préfigurait la Chine, et représentait déjà un pôle majeur de
l'humanité. Et une écriture, en ébauche.
Si la poësie n'était tant démodée, il faudrait lire dans ces fragments retrouvés
l'ancêtre d'une tentative de poser le réel, d'imaginer ce que la matière, les
choses, le devenir signifient, en propre, et dans le moment même de leur
mutisme. Une poïétique, en somme.
D'Orient, ou mieux d'Asie, nous viennent la soie, subtile et sensuelle, certes, et
du sanscrit l'écrit. Mais encore les chiffres, et quelques jeux, le go, les échecs, le
jeu de dames, et sans doute les cartes, parmi d'autres feux d'artifice, et
d'ingéniosité. Sans oublier la poudre et la laque, les cerfs-volants, le jeu de
l'oie, le mah-jong, dont la version simplifiée donne les dominos, les formes
primitives du billard, et tant d'autres exercices qui défient le hasard, et tentent
de l'apprivoiser.
On sait moins les recherches de l'esprit oriental, dans une visée pratique et
expérimentale, empirique et pragmatique, sur les théories des harmoniques, -
dont la résultante n'est pas seulement une musique originale et envoûtante,
une médecine holistique et pointue, une gastronomie complexe, et une
architecture audacieuse et subtile...
Longtemps la Chine et ses empires multiples n'ont pratiqué pour toute science
que l'histoire, dont provient la morale, et la poésie, d'où proviennent le savoir
et le dire, pour toute rhétorique. Ce qui modèle une vision des choses, des
êtres, et de leur devenir.
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Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
Sans doute l'image parle-t-elle à l'esprit, et l'esprit par l'image, dans ce qui
serait comme un hymne à la vie, saisonnière et variable, généreuse et
changeante, un hymne auquel souvent les mots manqueraient. "Comme un
liseron sur l'étang"... Ou comme un cygne, pris dans l'image sage et gracieuse
d'un étang de laque, sur un paravent gracile qui servait à diviser l'espace, et
donc les moments de la vie quotidienne.
Que reste-t-il d'une tradition culturelle antique, et plus que millénaire, quand
son origine est oubliée, perdue, occultée par l'absence d'une source identifiée
comme certaine, ou masquée par les strates accumulées au fil des siècles, sinon
une petite musique, harmonieuse et mélodique parfois, étrange et dissonante
par moments, émouvante comme de minuscules monuments.
Ecouter cette petite musique, faite de signes, de messages, d'images. Et
savourer.
Paco Alpi,
Mai 2007
° ° °
Sur la cale à marée basse,
multitude de coquillages,
navire de pierre, passage.
Embarquement immédiat.
L'horizon nous dessine, et
nous manque, rêve infini.
° ° °
Mémorable, la sagesse, multiple du mouvement.
Multiple, le visage du sage, au miroir du lac immobile.
Mobile, le temps des mémoires et des grimoires,
où parfois les humains viennent chercher
nécessaire, et vaine ressource.
° ° °
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Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
Initiales et fugaces
°
Un dragon, deux juments, rien à voir, circulez,
dit le juge impérial, péremptoire,
qui s'y connaît en jugements,
et se leurre, présentement.
Joli présent.
Qui trouve les dés doit les jeter,
dit-il, six fois, c'est ainsi.
Aléa jacta, est.
° ° °
°
Trois savants érudits s'étaient réunis,
pour examiner la fort sombre et sinistre situation,
ses tenants et ses aboutissants,
ses origines et ses mystères.
Le premier dit : - à quoi ça sert ?
Le second répondit : - comment ça marche ?
Et le troisième ajouta : - voyons voir, c'est
peut-être un utile outil, ou peut-être
le contraire, un simple jeu de l'esprit,
ni l'un ni l'autre, ou les deux à la fois,
qui nous le dira ? L'avenir, sans doute !
° ° °
4 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
Jamais l'oracle n'a pris de décision,
murmure le sourcier, soucieux.
Et qui pourtant s'interroge.
Interloqué, peut-être.
° ° °
°
Entre le ciel et la terre, l'univers,
et myriades mirobolantes,
quelques repères en diagonale, sur la transversale,
trois brins d'herbes, un coquillage,
voici sans doute un point d'eau.
° ° °
°
Sur le paravent laqué, joue le reflet
d'un cygne majestueux, éclairé seulement
par le soleil couchant, et la nuit qui vient
s'anime de rêves inédits.
° ° °
°
Entre ceci et cela, qu'y a-t-il ?
Entre l'un et l'autre, y a-t-il du temps ?
Un mur, ou un trait, de l'espace,
du vide, un horizon,
ou quelque petite musique mystérieuse,
comme une étoile dans la nuit, comme une gouttelette d'eau
dans la lumière du petit matin, comme un repère
doux et amer au milieu du pire désert.
° ° °
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Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
Tu marches dans le désert, île éphémère perdue dans la nuit,
et tu cherches un repère, vers où choisir d'aller,
hésitant, aléatoire, titubant,
puis tu regardes en arrière, la trace laissée,
et c'est seulement là, à ce moment-là
que tu vois d'où tu viens,
et dans quel orient tu vas.
° ° °
°
Au sommet de la montagne intérieure,
entre les pierres sèches, soleil torride,
le chant d'une source fraîche.
Mémorable, immémoriale,
vibrante et fluide.
° ° °
°
D'antiques légendes,
nous avons empli le ciel,
constellations stupéfiantes,
bestiaire imaginaire,
la licorne et la baleine,
l'ours et le cygne,
le bélier et le scorpion
y croisent
d'étranges rêves.
° ° °
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Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
Montagnes à l'horizon,
Comme la houle sur l'océan,
ondule la cime des arbres,
Comme vagues mêlées aux nuées,
Contemple et vois ceci et cela,
Le regard s'emplit
et s'ouvre l'esprit.
La douceur annonce le printemps,
comme l'automne appelle l'orage et la pluie,
Ainsi vibre le présent,
Étincelle vive.
° ° °
°
Viendras-tu, dit la rosée, au petit matin
Voici que l'herbe grise, pâle, ou verte se parsème
d'or et de diamants, soleils par myriades.
° ° °
°
Sur l'arbre de vie,
la spirale double des feuilles,
des fleurs et des fruits.
Depuis mille ans déjà,
le modeste et simple liseron
attend un lecteur attentif et patient.
Pourtant, jamais personne n'a franchi
la ligne lumineuse et obscure
qui sépare le jour et la nuit.
Insaisissables, trois gouttes de mercure
observent un alchimiste ébahi.
° ° °
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Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
A la croisée des chemins, trois voies.
La première est fatale, comme l'incompréhension.
La seconde est banale, comme la répétition.
La troisième est triviale, nécessairement triviale,
comme son nom l'indique.
Et c'est cela qui se travaille,
un sens qui prend sa forme,
et s'éclaire, s'illumine, et s'achève.
Puis de l'estran, jaillit la vie.
° ° °
°
La houle, sereine, imperturbable,
immuable comme le passage
du temps et des saisons,
les eaux, profondes, même au coeur du lagon,
Le dragon rumine, et la jument rêve aux étoiles,
Les sources de demain sont juste là,
dans ce présent bizarre,
présent.
° ° °
°
Ici, nous sommes,
et vous aussi,
en somme ?
° ° °
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Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
Instantanées
° ° °
°
- tiens, dit-il, surpris, cet instant immobile
annonce sans doute d'autres surprises
cristallines, diamantines,
vibrantes étincelles et nouvelles.
° ° °
°
Trois petites secondes, givrées,
scintillantes, élémentales,
subliminales, lumineuses,
mobiles et mouvantes,
minuscules merveilles.
° ° °
°
Expérimentation. Puis représentation.
Respiration imaginaire.
Il observe, décrit, raconte,
une toute petite histoire.
qui devient présent.
° ° °
°
Le géomètre l'a démontré, la ligne droite
est le plus
court chemin ...
La foule applaudit ébahie
le funambule qui danse sur l'apparence
d'un théorème.
° ° °
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Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
Trois gouttes d'eau sur la feuille de saule,
toboggan,
et le plongeon dans l'inconnu, la brume qui s'éclaire
soudain, au petit matin, puis passe le jour.
au bord de l'étang, la fête des moissons
s'illumine dans le soir
barques et lampions
pour marquer les saisons.
Entre ceci, et cela, là
toute une vie, ici ou là.
Un cygne glisse sur l'étang,
majestueux, minuscule
contrepoint.
° ° °
°
soixante jours, soixante nuits,
soient deux mois. Au moins deux.
Ajouter soixante petites secondes,
d'harmonie
ou trois minutes,
de désordre,
et une petite étincelle de vie,
quelques instants, précieux,
voilà, disons neuf mois plus tard
un petit moi tout neuf,
merveilleuse magie, et ce n'est pas
fini.
° ° °
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Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 1 -
°
Aucun diamant n'est jamais solitaire,
définitivement.
° ° °
°
soixante minutes, et autant de secondes,
quelques heures, quelques signes,
quelques années ou quelques siècles,
l'échelle des saisons et des éons,
quelques centaines de lunaisons,
et soudain, une antique tortue
admire le vol gracieux
d'une libellule.
° ° °
°
Dans le silence, silence.
Dans la danse, le guerrier.
Sous la brume, le dragon rêve
qu'un autre jour se lève, autre.
° ° °
°
Tourbillons de lumière,
Dans la pénombre qui s'estompe,
lueurs naissantes à travers les branches
d'un saule pleureur,
rien de certain n'est encore perceptible, et pourtant,
le jour s'annonce
bien.
° ° °
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Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
Un pas, puis deux...
Au bout de trois pas, un quatrième,
et te voilà loin, déjà.
Il avance tranquille, le chemin l'emporte, découverte.
Solitude, puis à la fin, s'ouvre une rencontre inattendue
de l'autre. Alors advient l'or de l'émerveille.
Sur le même chemin.
° ° °
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Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
-2 -
°
La terre inculte incube, miasmes et floraisons,
sourde et lente, goutte à goutte des sèves, jachères,
germinations profondes sous l'horizon.
° ° °
°
La première seconde n'a pas eu lieu, étrange, si l'on y réfléchit...
° ° °
°
Entre ciel et terre, voici la rosée, brume légère,
blanche trace sur l'espace, grisaille qui s'estompe,
évaporation, condensation, double mouvement,
échange multiple d'énergies muettes, exhalaisons
d'où peut-être vient la vie.
° ° °
°
La poterie la plus fine, porcelaine élégante ou grès rustique,
garde la trace subtile du geste antérieur, invisible, du potier,
qui l'a fait naître pourtant
de l'argile douce de son imagination.
° ° °
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Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
Éloge de la lenteur, de l'infinie patience,
le cortège somptueux des brasiers stellaires,
quasars et pulsars, trous noirs, étoiles à neutrons,
étranges charmes qui dansent dans le vide,
parfois la terre en tremble d'émoi.
° ° °
°
Éloge de la lenteur, la procession des gouttelettes
bâtit des cathédrales souterraines, creuse
des canyons gigantesques,
et détruit inexorablement la falaise hier inaccessible,
inlassable travail minuscule du temps et de l'énergie
infinitésimale.
° ° °
°
Et l'aube à l'horizon annonce un jour nouveau,
les choses vous sourient quand vous leur souriez,
entre ciel et terre, l'harmonie s'épanouit,
à deux en contre-point. Tout doucement.
Dans l'aube, s'ouvre un bourgeon.
° ° °
°
De sable, d'argile, et de petits cailloux,
nous traçons nos chemins, les ornières, et
aux étapes de joyeuses auberges, qui deviendront
nos villes et nos villages, leurs places et leurs fontaines.
De sable, d'argile, et de petits cailloux,
Quelques dessins tracent, déjà,
des formes en devenir, formules,
formations, formulations, informations,
en devenir, ici présent.
° ° °
14 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
De poudre et d'argile, de sève et de safran,
de soie et de brocards, de dentelles et de fleurs,
Un décor a suffi pour changer le décor,
et à la fois, le cours des choses.
Rencontre de l'image et de la magie.
Saveur des signes.
° ° °
°
Des cendres de Dionysos, dispersées par le vent
D'argile et d'humus, d'un souffle vif
d'une goutte de sang, d'un scintillement lacté,
poësie vive, parole et faits créant,
naquirent mille sacripants.
Et les voici émerveillés, étonnés,
stupéfaits, proprement sidérés
de cette origine fabuleuse
dont ils pensent hériter,
et qu'ils croient mériter.
° ° °
°
Les premiers pas sont toujours essentiels,
les premiers mots disent toujours la vérité,
désir et angoisse mêlés.
Avance avec prudence, tout ira bien puisque
tu te laisses guider par ton coeur.
° ° °
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Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 3 -
°
Grondement obscur, le volcan éteint grogne,
déluge d'images brouillées, lueurs troubles,
insomnie féconde, comme cette rencontre
imprévue, impromptue, tumultueuse,
musique à l'aube, après l'orage,
traversée.
° ° °
°
Comme la graine trouve son chemin,
entre cailloux et racines,
minuscule dragon vert,
et jaillit
discrète et fière,
puissance magique et vive
de l'infime persévérance.
° ° °
°
minuscule, la graine qui germe.
Immense promesse d'un arbre,
pommier peut-être, ou cèdre majestueux.
D'une poignée de poussière, vient la forêt.
D'une poignée d'étincelles, s'éteint la forêt.
Passe le vent.
° ° °
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Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
L'aile d'un instant, papillon,
plonge
dans l'espace
et le temps.
L'énergie féconde l'insondable,
et change l'immuable,
vire et volte la vie,
diaphane épiphanie.
° ° °
°
Danse féconde, celle qui laisse respirer
l'ombre et la lumière.
Le moindre signe,
lettre, mot, chiffre, parfum,
saveur et couleur, détail,
ne vient finalement
que de subtil contraste,
comme trace d'une autre,
différence.
Nuance.
° ° °
°
Rose est douce, élégante et sensuelle, parfum léger,
subtile promesse de plaisirs multiples et pleins,
le souffle et la brise t'inspirent, trois fois,
le charme est puissant, parce qu'il est paisible.
Ainsi, trois fleurs du prunier du jardin.
° ° °
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°
Rien ne t'empêche, l'énergie est toujours là,
disponible et offerte,
il suffit d'en prendre un peu,
pour transpercer la brume,
et traverser le temps.
Tel est le don que nous avons reçu,
tous autant que nous sommes.
Mais quand l'élan est donné, initial,
il serait stupide de croire
que le chemin ne reste pas
à construire pas à pas,
en savante patience.
° ° °
°
De l'ordre dans le désordre,
du désordre dans l'ordre,
et voilà autre chose,
percutante,
vibrante,
et mouvante.
° ° °
18 / 132
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°
- 4 -
°
Un dragon veille sur le moindre source,
l'hydre de l'eau, dans son logis,
inaudible murmure de l'invisible échange.
° ° °
°
Une source fraîche au pied de la glycine,
chantonne. Des traces tout autour.
° ° °
°
C'est une toute petite source, minuscule musique sous le feuillage.
Elle est là, fragile, bouillonnante, chaotique,
elle dévale la colline, en chantant.
Qui sait si elle parviendra au bout de son chemin...
C'est une minuscule pousse de glycine, jeune et vive.
Sous son feuillage léger, qui sait ce qui s'y cache,
L'innocence de la fleur, ou la liane puissante qui grimpe
Jusqu'au sommet de la tour, l'enserre et s'y faufile.
C'est jeune, et ça ne sait pas, mais c'est vif et joyeux,
le rire des enfants, comme vin frais, comme cascade,
réjouit le coeur des hommes, et des femmes qui les entourent,
Cette promesse de bonne heure, qui la tiendra ?
° ° °
°
Un arbre est blotti au creux de la vallée,
signe de source.
° ° °
19 / 132
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°
Il marche, tranquille et solitaire, libre et serein,
d'élan naturel et le voilà ailleurs.
° ° °
°
Le doux babil de l'eau berce des rêves de torrent.
En faire jaillir une fontaine, juste au milieu du village,
innocente et vive rêverie
de l'architecte.
° ° °
°
Brume prise dans les vallons, glacier immobile,
murmures de l'eau, mémoires de la terre impassible,
soleil levant, saveur blanche comme neige,
premières fleurs chétives et joyeuses,
l'abondance naît de ce filet minuscule.
° ° °
°
Il contemple la source, naïve, élémentale,
et cherche à deviner
jusqu'où elle ira
se perdre.
Au delà du creux de la vallée,
par delà l'horizon, en amont peut-être,
le fleuve du temps.
° ° °
°
Entre quatre piliers, le cadre, le toit, le lit,
le foyer chaleureux, la maison, et la vie,
mille images et présages, qui s'éclairent,
comme dans un miroir, le double d'un sourire.
Double. Simple et dupliqué.
° ° °
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°
Et l'arbre
dit voyez mes fruits délicieux,
sans mes pommes, pas de cidre.
Le feuillage ajoute, sans mes feuilles,
qui recueillent le soleil, pas de pommes,
Le tronc gronde, n'oublions pas mes branches,
qui soutiennent les feuilles, et portent la sève
dont les fruits se nourrissent.
Ce jour là les racines étaient tristes,
elles manquaient d'eau et ne dirent rien.
Pourtant, c'est elles qui puisaient l'eau,
les sels minéraux, et tout ce qu'il faut
ou presque pour que le tronc donne des branches,
que les branches donnent des feuilles,
et les bourgeons des fleurs.
Vint à passer l'abeille, qui bourdonnait gaiement :
sans ma visite, jamais les fleurs n'auraient mûri,
ni formé fruit...
Le jardinier en reste coi.
° ° °
°
le temps de l'innocence est bienfaisant,
invitation au calme, à la sérénité intérieure,
la modération et la patience,
l'esprit tranquille
éliminent toutes les
complications.
N'est-ce pas ?
° ° °
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°
- 5 -
°
Le ciel fournit l'eau, la terre produit les racines,
et voici un arbre, à qui saura patienter,
et attendre d'en voir les fruits.
° ° °
°
Quel temps fera-t-il ce soir, pour le banquet?
Et le repas plaira-t-il aux convives invités?
Mais viendront-ils?
Douce attente souriante, le coeur attentionné.
Puisque tout est prêt,
inutile de t'inquiéter.
° ° °
°
Brume naissante au dessus du ciel,
peut-être les nuages apporteront-ils la pluie
tant attendue.
Mais s'il fait beau, à quoi bon
s'inquiéter ?
° ° °
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°
- 6 -
°
Ciel bas, brume lourde, obscures rumeurs,
le temps est à l'orage, et rien ne se passe.
Immobile, le temps d'inquiétude, de solitude ou de colère,
angoisse est signe. Silence amer.
Énergies bloquées, divisées, désunies, hostiles.
Malentendu, comme de bien entendu,
sifflent les mauvaises langues.
° ° °
°
Au delà de la brume, qui couvre le ciel,
quelque lumière peut-être.
En deçà de la brume, qui occulte le ciel,
l'obscurité lourde de rancoeurs.
Mais tu restes tranquille à cheminer,
au milieu du chemin, et tout va bien.
° ° °
°
Pas un seul mot qui ne soit ridicule et mesquin,
sous le regard du cynique,
pas de sourire qui ne soit complice, et coupable,
sous le regard du pervers.
Mais voguent les galères comme naguère,
aucune colère n'amoindrit l'air
du vers
solitaire.
° ° °
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°
Si tombe le soir
à la chute du jour,
Monte la nuit,
rumeurs multiples,
songes et mensonges
un double diable prétentieux
hante l'ombre de son reflet...
Non, n'en croyez rien.
° ° °
°
Le temps de la mesquinerie, nuages qui ferment l'horizon,
chariot immobile, roues bloquées, gaspillages vains,
il suffirait de se tourner vers le pays oublié
de concorde, miséricorde.
° ° °
°
Du bout de son bâton, le vaillant général
désigne à ses troupes inquiètes
rien moins que le ciel,
la gloire et le pouvoir, la richesse et l'honneur.
Mais l'autre bout du même bâton signale aussi
la terre,
d'où nous venons, où nous allons.
° ° °
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°
- 7 -
°
Ce qui a été semé
sera sans doute un jour récolté.
° ° °
°
Un temps pour le rêve, puis un moment de réveil,
un temps d'échange, puis survient l'accord, et son charme subtil,
un moment de repos, et vient l'éveil,
multiples semailles au soleil
tant de semaines...
° ° °
°
Étrange échange, est-ce temps de saison,
mais chaque instant s'inscrit, exactement,
entre hier et demain, juste à temps.
Mais si ce présent t'était donné, saurais-tu
à ton tour, l'offrir à quelqu'autre, un peu plus tard,
un peu plus tôt, comme il serait de juste ?
° ° °
°
C'est fougue, le chant du septime jour,
le temps du lion est rébellion, rage et courage,
Que sa colère soit juste, sinon, qu'il craigne
l'éclat glacé de l'ultime lumière
L'éclat du glaive.
Glaçant.
° ° °
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°
Dans le bol de grès, un peu d'eau,
fraîche, offerte,
éclate de rires lumineux.
° ° °
°
Un creuset d'argile accueille le temps,
patiente alchimie, féconde rencontre,
terre fertile, message mêlé
de la terre et de l'eau,
de la douceur du temps.
° ° °
°
Si tout va bien, le secret sera gardé :
c'est l'union de deux qui produit trois,
c'est de deux êtres que se crée le petit d'homme.
Les hommes se suivent et se ressemblent,
les humains se rassemblent, et c'est la vie qui naît.
Clair mystère.
° ° °
°
Dans le bol de terre, simple argile,
reflets du ciel, richesse à l'infini,
le temps s'en moque,
en passant.
° ° °
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°
- 9 -
°
du fil invisible
entre terre et ciel
parfois s'enroule un cocon délicat de soie,
symbole de l'immémoriale métamorphose
des choses et des êtres, devenir ...
neuf.
° ° °
°
Le moindre geste raconte, à la fois,
le présent, le passé,
et l'avenir.
Le moindre détail peut enrayer la roue,
le moindre souffle peut chasser les nuages,
ou annoncer la pluie, bienfaisante et généreuse,
nourricière et féconde,
demain, qui sait ...
Voilà qu'il neige !
° ° °
°
Il y a comme un fil invisible
entre la graine et l'arbre,
entre la terre et le ciel.
Dans l'herbe immense de la prairie,
de minuscules cocons,
promesse chatoyante d'une soie fine,
pour qui saura en dérouler le fil fragile.
° ° °
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°
Tu crois savoir, et rien ne vient,
le devin vient, et dit, tiens,
tout est neuf,
et ce n'est pas rien.
° ° °
°
Le potier vint à la ville, vendre ses bols,
ses cruches, ses marmites, ses théières,
mais le temps était à la famine, le riz rare, et l'eau chère,
et le bois manquait pour faire du feu, triste époque.
Et c'est ainsi qu'il devint sourcier.
° ° °
°
Du fil invisible de la soie, le sage tisserand sait
la plus splendide des draperies,
lumineuse et légère,
digne de la fille de l'empereur.
Alors l'herbe se transforme en coquillages,
le fil en oeuvre d'art,
et la patience minutieuse
en mirifique et magnificente
mémoire.
° ° °
°
Trois petits traits dessinés dans le sable
Trois petits cailloux en transversale,
deux enfants, au moins,
Et voilà l'éclat des rires
joyeux et limpides de spontanéité.
° ° °
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°
- 10 -
°
Puis le diseur dit le temps de l'expérience
précieux, précaire, prudent,
précautionneux, vaillant.
Ce qui permet de voir
comment ça marche,
et si ça marche,
alors s'ouvre un chemin
qui va peut-être jusqu'à
l'horizon. Qui sait ?
Et même au delà...
° ° °
°
Royale galère, sabot vaniteux, tigre de papier,
le vaisseau arrogant ne reviendra pas
de son périple aventureux.
Cependant, la barque sage du pêcheur
rapporte des joyaux minuscules,
friture frétillante sur ses lignes,
ormeaux dans ses filets,
patience douce et modeste à l'horizon.
° ° °
°
Ne cherche pas le tigre, il est sous le sabot
de celui qui lui marche sur la queue,
inconsidérément.
° ° °
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Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
Dix territoires, donc dix missives,
dit l'empereur,
mais tous ne vinrent pas
au grand rassemblement.
Ainsi tout n'est pas dit.
° ° °
°
Tu crois choisir, en connaissance de cause,
le chemin que tu prends.
Et c'est le chemin qui te choisit, et t'apprend
peut-être d'où tu viens,
et parfois où tu vas.
° ° °
°
Vois donc comme il avance, le marcheur tranquille,
d'alternance de pas, d'un balancement des bras,
d'un mouvement régulier et sans hâte,
d'oscillations douces des épaules et du regard,
d'un rythme souple et patient, pas à pas,
les yeux sur l'horizon, et les pieds sur terre,
de prudence et d'élan, de patiente persévérance,
ne vois-tu pas qu'il ira loin,
mais qu'il dira alors :
oui, je viens de là, et je reviens de loin...
° ° °
30 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 11 -
°
La paix n'est jamais que la soeur sereine
de la guerre et de la haine, dit le guerrier.
- La paix ne vient jamais qu'après, et c'est
un long travail, dont elle est la moisson.
Et la moisson vient après les semailles,
dit-on.
° ° °
°
Le long de la rivière tranquille,
comme la rizière est belle,
soigneusement cultivée,
minutieusement soignée,
débarrassée des mauvaises herbes,
bien irriguée, ni trop, ni trop peu.
Attentives semailles, paisible labeur,
promesse de récoltes réjouissantes,
l'harmonie se construit,
petit à petit.
° ° °
°
Entre le faible et le fort, compensation.
Entre les territoires, répartition des temps,
selon leurs forces propres :
ainsi naît l'harmonie,
et
l'énergie circule,
respiration.
° ° °
31 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 12 -
°
Un rien sépare l'harmonie de la discorde,
un vague malentendu, injustice ou calomnie,
un peu d'inattention, et voilà les mauvaises herbes,
la mesquinerie prend le dessus.
L'harmonie est belle, mais fragile.
L'équilibre est bon, mais instable,
de constitution.
° ° °
°
Quand l'essentiel s'en va, vient le dérisoire.
Mais sans l'alternance d'où provient la respiration,
sans l'alternative issue de l'autre,
ne reste que l'insignifiant, fatal, banal,
vide colossal, ou grain de sel,
l'avenir le dira...
° ° °
°
Statu quo, promesse du pire,
dans l'empire tout va de mal en pire,
comme prévu,
et l'immobilité bloque la situation,
statufiée, stupéfiée.
Cette sidération sidérale
perpétue l'injuste et l'infâme,
jusqu'au probable et prochain
renversement.
Vive l'empereur !
° ° °
32 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
Aucun présage ne vaut,
mais n'en crois rien,
si le silence se rompt,
que ce soit de sourire,
si le sourire s'achève,
qu'il soit source de silence,
et viendra le calme,
au lieu de la tempête.
° ° °
°
c'est un échec, peut-être sera-t-il profitable,
c'est une erreur, à vous d'en trouver la cause
c'est un malentendu, une méprise, à vous d'y voir
un peu plus clair, et la discorde s'effacera,
sans doute.
° ° °
33 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 13 -
°
Les humains se rassemblent, inévitablement,
comme se suivent les jours,
maussades ou souriants,
c'est selon.
° ° °
°
Fraternel, il partage la chaleur du foyer
Solidaire, il échange sa part du repas,
Librement, il choisit son chemin,
au nom de l'amitié.
Comment pourrait-il se tromper?
° ° °
°
La fourmilière s'arrête
là où commence
le chant de la cigale.
Mais si tu veux arrêter le vol
des sauterelles qui dévastent le champ,
les jardins, les récoltes, et les pillent,
voilà travail inlassable
de fourmi.
° ° °
34 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
Saltimbanque, funambule,
tes rires m'ont réjoui le coeur,
Partage mon repas, et bois à ma santé,
les trouvailles du troubadour
m'ont porté chance,
qu'il ait donc du pain et du vin,
et liesse jusqu'à demain.
° ° °
°
Le soleil brille pour tous,
et transforme chaque chose
les plantes en fleurs et fruits, le blé en pain,
et la paille en chaume pour le toit.
De surcroît, il en restera un peu
sans doute
pour garnir le fond
de tes sabots.
° ° °
35 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 14 -
°
Que tout don soit donné,
telle est la loi du don,
sans quoi il disparaît.
Comme neige au soleil,
lumineux et simple présage.
° ° °
°
Reflet de la lune sur l'eau, calme présence
qu'un simple mouvement, la plus légère brise,
réussit à troubler.
La main de l'homme n'en prendra rien.
Comme dame fortune, la richesse ou la gloire
passent de main en main, mais personne
ne peut s'en saisir.
° ° °
°
La richesse est comme lumineuse scintillance,
générosité de la nature, profusion visible,
bénédiction solaire, bonne fortune,
l'abondance en soi est bénéfique, évidemment
A condition seulement qu'elle soit
distribuée et partagée, transmise,
qu'elle circule et qu'elle s'échange.
Sinon, elle s'étiole et pourrit
celui qui la possède, croit-il,
et s'en fait posséder.
Puis déposséder,
de surcroît.
° ° °
36 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
Que d'acquis sous chaque dalle un joyau,
sous chaque marche une étape, du territoire
qui s'augmente proviennent des louanges
innombrables, puisqu'il est serviteur
loyal et généreux
° ° °
°
Que la richesse soit source de générosité, sinon elle disparaît
que le plaisir soit source de partage, sinon il s'étiole
si tout va bien pour vous, qu'il en soit de même
pour celles et ceux qui vous entourent,
et tout ira bien.
° ° °
37 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 15 -
°
De l'humus vient peut-être l'humain,
paroles simples, musique douce, plaisir profond,
invisible et secrète émotion,
parfum discret d'une rose-thé épanouie,
de si peu d'importance.
Essentielle, donc.
° ° °
°
For intérieur, non, ce n'est pas d'une citadelle
qu'il s'agit. Mais d'une source profonde,
d'un secret de sagesse, invisible et puissant,
respectable minuscule, à la lettre.
° ° °
°
A quinzième heure
Le voile s'est déchiré, et tout paraît perdu
Le puits est épuisé, la terre en friche,
abandonnée, désillusion, déclin du jour,
reste l'humus humble
pauvre et humide.
° ° °
°
Qui dira l'inlassable mission
du lombric !
° ° °
38 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
Ne pas chercher la paix en vain.
Ne pas chercher en vain. La paix,
Elle réside, habituellement,
uniformément, et se repose,
immensément, sous la terre,
dans les cimetières, ou dans la poussière,
qu'emporte le vent.
° ° °
°
Modestie, humilité, retenue, élémentaire prudence,
constance, persévérance, vigilance ou bienveillance,
attention discrète et profonde, la montagne intérieure
est faite, de patience douce et secrète, - au fond.
° ° °
°
Sous l'horizon, au delà,
invisible donc,
depuis les hauteurs inaccessibles,
une source
puissante et féconde,
alimente la fontaine
d'une eau claire.
Limpide.
° ° °
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Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 16 -
°
Douce et vive, et profonde l'émotion
des musiques de la terre,
le jour des retrouvailles,
la fête de l'amitié vraie,
le moindre souffle devient sourire.
° ° °
°
Soir de fête, tambours, rires et convives fusent,
comme étincelles dans la nuit immobile.
Le moindre sourire évoque le souvenir
de l'amitié prochaine.
° ° °
°
Soir de fête, réjouissances, célébration,
retrouvailles et chansons, émotions partagées,
l'alliance sera solide comme la peau de l'éléphant,
sans doute, ... puisqu'elle a traversé le temps.
Vibrent et résonnent les tambours,
claquent les oriflammes dans le vent.
° ° °
°
Les deux moitiés du monde convergent,
Rencontres, chaque instant est de réunion, pour
négociations subtiles ou franches,
rendez-vous à mi-chemin...
° ° °
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Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
Est-ce la terre qui a tremblé,
quand je t'ai retrouvée, dit-il.
Est-ce la terre qui a tremblé,
quand je t'ai retrouvé, dit-elle.
Et la terre a tremblé.
° ° °
°
Les actes parfois suivent les paroles qui les font naître,
le sens confirme parfois le signe qui l'annonce,
réponse logique de la causalité classique.
Mais quand les signes et les paroles se perdent,
dans la nuit de l'oubli, dans les replis de mémoire,
alors ils s'inversent ou se renversent, et reviennent,
changés, ou changer ce qui devait changer.
Réversion réversible, retournement de l'écho,
qui revient de si loin qu'il se démultiplie,
à l'infini, peut-être.
° ° °
41 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 17 -
°
Pas à pas,
les jours et les nuits se suivent.
A chaque jour sa mesure,
- ses pleins et ses déliés,
sa charge ou sa peine,
ses responsabilités et ses rencontres,
ses émotions, et ses raisons,
balancement des plaisirs et des désirs.
Les jours se suivent,
les choses s'enchaînent,
se font et se défont
pas à pas.
° ° °
°
Puis vient le soir, et la tombée de la nuit,
s'apaisent les émotions,
se calme et se diffuse
l'énergie,
le sage mesure le temps qui passe,
oscille et infuse,
puis rentre chez lui et trouve le repos.
° ° °
°
Puis vient le temps de prendre du recul,
de reconsidérer le chemin parcouru,
de reconstituer vos énergies.
Repos, calme et profond.
° ° °
42 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 18 -
°
Le vent souffle au pied de la montagne,
bientôt l'hiver...
Quand vient le temps des changements,
l'époque des changements de temps,
il est bon de penser simplement
à réparer le toit, sans quoi le vent
et les intempéries lui seraient
lui seront
peut-être fatales...
° ° °
°
Quand les vers sont dans l'écuelle,
il est temps de faire le ménage,
d'ouvrir un peu la fenêtre, et d'aérer.
Veille à ce que le banal ne devienne fatal...
Sinon, le fatal devient banal, dangereusement.
Quand les vers sont dans la poutre,
on peut s'inquiéter aussi
pour le toit de la maison,
subséquemment.
° ° °
°
Tristes restes d'écume, l'écuelle est vide,
la brassée ne rencontre que le vent,
la quête était vaine, la pêche n'a rien donné,
et pourtant, fermente l'avenir
° ° °
43 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
Un arbre est blotti au creux de la vallée,
modestes horizons,
qui sait s'il portera des fruits ?
° ° °
°
Une seule image et mille sens,
un arbre est blotti au creux de la vallée.
Chétif et accroché de toutes ses racines
au rocher, tordu par les vents d'hiver,
élancé pourtant tendu vers le ciel, désespérément.
Et c'est cet arbre ingrat, malingre, sans valeur,
qui soutient
la montagne,
et l'empêche de s'effondrer.
° ° °
44 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 19 -
°
Cycle d'eau,
minuscules gouttelettes,
elles s'assemblent, point d'eau,
puis circulent, jardin,
et les voilà déjà
distribuées, autrement, ailleurs.
Minutieuse magie, voici la vie.
° ° °
°
Le jardinier écoute la douce pousse
des herbes, des racines et des arbres,
observation sage des saisons,
irrigation secrète des choses et du temps,
puis le cuisinier écoute le jardinier,
et l'accueille dans sa cuisine,
ainsi la soupe est-elle savoureuse,
pour tous ceux qui la partagent.
° ° °
°
Conciliabules, messages subreptices, rumeurs,
négociations secrètes, compromis, projets d'accord,
mouvements d'humeur, prises de contrôle,
étranges manoeuvres, la parole sert de passeport
à de curieux messages, jeux d'influence, dont l'enjeu
oscille en permanence, entre savoir et pouvoir.
Communication, multiple manipulation, et pourtant,
dans l'échange se glisse inévitablement
un peu de partage, un peu de vérité,
en fin de compte, il suffit d'écouter...
° ° °
45 / 132
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°
Chantier global, entendre,
travail local, se faire entendre,
le corps social cherche ainsi
tout entier juste
une solution juste.
° ° °
°
Communication, comme un lac d'abondance,
accueillant et riche, disponible et généreux,
lieu de recueil collecteur des sources et
ressource potentielle d'ondes fécondes.
Ainsi la communication est-elle un vase
de communicants qui s'échangent des
communiqués.
Mais si, le contenu dépend du contenant,
et réciproquement, qu'avais-tu donc
en tête ?
° ° °
°
Écoute.
Comme une coupe tendue, vide et offerte,
comme la tension du tigre, guetteur impassible
en passe de
bondir sur quelque proie inconsciente
du danger, du destin, du temps, ou de l'échange,
écoute comme une oreille bruissante
et saturée de rumeurs,
écoute comme l'annonce dans ce qui est dit,
de ce qu'il advient du dit.
° ° °
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°
- 20 -
°
La porte invisible de la sagesse
reste invariablement
ouverte, permanence.
° ° °
°
Le sage distribue toutes les richesses qu'il possède,
sans jamais rien en perdre lui-même,
parole féconde.
° ° °
°
Entre l'un et l'autre, le cheminement
Entre l'une et l'autre, l'échange,
Ou le changement.
° ° °
°
Tu regardes ce qui te regarde,
Tu nourris ce qui te nourrit,
Entends donc ce que tu dis,
reçois donc de que tu donnes,
étrange échange de la contemplation,
passage subtil.
° ° °
°
Éduque ceux qui t'écoutent,
Écoute ceux que tu éduques,
respectueux, et tu seras respectable,
élève donc tes élèves, c'est
ainsi que tu en recevras
mille sagesses.
° ° °
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Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
Le sage contemple le passage du temps:
la terre offre l'arbre, l'arbre offre le fruit,
le fruit à son tour est offert à l'homme, qui en transmet
le cadeau à l'enfant, ce cycle atteint le ciel,
et la générosité du ciel abonde sur la terre.
° ° °
°
Du vent sur la terre, lendemains de moisson,
le grain est rentré, il n'en reste que poussières.
Il est temps de préparer l'avenir, comme toujours,
si c'est possible.
Contemplation, méditation,
voir et prévoir, sans illusions, sans amertume,
passage immobile.
Éternel changement.
° ° °
°
De la contemplation à la méditation,
de l'arbre jailli splendide de la terre
au vent
qui passe inlassable sur le sable,
juste un petit décalage de l'image,
une minuscule goutte d'eau, si peu salée,
féconde le désert.
° ° °
°
Dans le désert, un soir,
et sous le ciel, immense,
l'innombrable saveur
d'un instant simplement
d'amitié
offerte et partagée.
Inoubliable.
° ° °
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°
Dans la marge, minuscule,
une note,
essentielle,
notule.
° ° °
°
Voyez plus haut, les grues sauvages,
impeccable mouvement dans le ciel,
vol harmonieux et fidèle, ou encore le héron,
qui appelle et nourrit ses petits,
contemplation.
° ° °
°
Sur le seuil, l'horizon.
° ° °
°
N'entrez pas, dit la porte, passez votre chemin...
Entrez donc, vous qui ne faites que passer,
qu'importe la porte, soyez les bienvenus,
passantes et passants, passagers nous sommes,
en somme.
° ° °
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°
- 21 -
°
Mille colères, mille raisons de rébellion,
mille misères, et mille injustices,
le monde n'est pas ce que nous rêvions,
son ordre même est source d'iniquité,
guerres et famines, ignorance et bêtise,
sans oublier la méchanceté, l'ordinaire,
et voilà la colère.
Mais veille à ne pas provoquer
par colère et inconscience, justement
ce que tu dénonces justement
° ° °
°
La lumière de l'orage, la colère,
l'injustice ou la censure, injures,
non, l'amertume n'est pas forcément
bonne conseillère.
Mais ne laisse pas pour autant déborder
la marmite des rancoeurs.
° ° °
°
Les sages tentent de deviner ce qui se mijote,
dit l'ancien dessin, antique grimoire,
au delà des apparences.
Tenter de dissiper l'équivoque,
de rétablir la justice ou la vérité...
Voilà qui n'est pas simple.
Il y a du pain sur la planche,
en profusion.
° ° °
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°
Porte fermée
Ouvre la fenêtre !
Fenêtre close,
ouvre la porte !
Mais ce qui n'est pas cru
est cuit, dit-on ...
° ° °
°
Danse le temps, vire le vent, volent les signes,
arabesques et graffiti, textes raturés, lettres illisibles,
fragiles tiges d'achillée, fleurs denses de l'armoise,
la vigne entrelace ses rejets fertiles,
et fournira le vin pour les devins.
vent des signes, signes devant,
puis le sang de la vigne,
vieil ivrogne !
° ° °
°
Amertume, ce qu'il advient des paroles entravées,
c'est qu'elles éclatent.
Et pourtant la colère n'arrange rien,
en bonne justice,
trouver les mots justes, forts et lucides,
ou le geste équitable,
mettrait fin à ces temps amers.
Est-il temps ?
° ° °
°
Tiens bon, matelot, tiens bon,
et le coup de tabac passera,
c'est juste un grain, tiens bon.
° ° °
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°
- 22 -
°
Tranquille lumière au crépuscule,
le feu calme et doux au pied de la montagne,
éphémère beauté d'un instant,
la grâce se suffit à elle-même,
que dire de plus.
° ° °
°
L'étiquette, élégance de la courtoisie,
subtile politesse des masques,
instant respectueux d'ombre et de lumière,
calme sourire,
la grâce est mystérieuse
dans son geste imperceptible,
elle efface l'amertume.
Étrange beauté.
Charme éphémère.
Instant charmant.
Souriante illusion.
Sans doute, dis-tu ?
° ° °
°
Théâtre, dans l'ombre quelque lumière,
dans la lumière, quelques ombres,
puis le temps semble
disparaître.
Dans le silence subsiste
comme un sourire.
° ° °
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°
- 23 -
°
Trop, c'est trop, évidemment.
Quand la coupe est trop pleine, elle déborde.
Quand la situation va à son comble, elle se renverse,
nécessairement. Disgrâce.
Puis après le reflux, le flux revient,
nécessairement.
° ° °
°
Dans la forêt, un bûcheron s'est perdu.
Rien ne va plus.
L'arbre est abattu, débité en rondins, promis au feu.
Et pourtant, il en reste des graines, comme le pépin
demeure dans le fruit qui n'a pas encore été mangé.
° ° °
°
Au delà de la limite, débordement.
Au delà du temps passé, la péremption,
l'obsolescence, l'érosion inéluctable,
et pourtant, rien ne semblait délimiter
le temps,
navigue le fleuve, roule la houle,
la marée basse annonce le retour
imminent,
de l'eau montante.
° ° °
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°
Étrange oubli, l'été prochain,
reviendra tout comme
l'oscillation du trop et du trop peu,
tout comme
l'hiver prochain, de solstice en solstice,
interstices :
quand vient l'été, reviennent les incendies, la canicule,
et la sécheresse, l'insolation et la soif,
comme chacun sait puis oublie,
quand vient l'hiver, reviennent le froid glacial,
la misère et la faim, la désolation et la solitude,
comme chacun sait puis oublie,
quand vient l'automne, les feuilles mortes s'accumulent,
jusqu'à l'inondation,
débordent les rivières, impraticables,
et viendra le printemps, tout autant,
fondent les neiges, et coulent les avalanches,
comme chacun sait puis oublie,
jusqu'à l'été prochain.
Comme chacun sait puis oublie,
l'autre et le prochain,
le présent et l'absent,
oscillent.
° ° °
54 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 24 -
°
Solstice d'hiver, étincelle enfouie,
lumières dans la nuit, vibration dans le ciel,
annonce du jour prochain. Petite graine de vie.
Le tonnerre gronde sourdement sous la terre.
° ° °
°
La graine du temps recommence à germer,
admirez le lent travail qui conduira
jusqu'à l'éclosion.
Et au delà !
° ° °
°
Au bout de l'hiver, au comble du froid et de l'obscurité,
les bourgeons s'ouvrent, éclatent, les pruniers se couvrent
de fleurs fragiles, roses et blanches sur fond de neige,
blanches comme neige, roses dans l'aurore,
annonce éblouissante du printemps.
° ° °
°
Au loin veille la sentinelle
tout au long de la nuit,
solstice.
Interstice entre les équinoxes.
° ° °
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Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
Un minuscule secret s'est caché,
comme invisible étincelle,
pris au filet sous ces lignes à la dérive,
qui vont à la pêche, et ramènent parfois sur la rive,
des profondeurs de l'océan d'images, quelques trésors.
Un fabuleux trésor gît dans les profondeurs,
comme un grimoire, de nos mémoires.
Et c'est ainsi que la vie nous est donnée,
avec les mots qui vont avec.
Libre vibration, légère et fugace,
elle se transmet et nous transporte,
depuis que nous avons le don de la parole,
insatiable palabre, - sinon la jungle.
Sinon la barbarie.
° ° °
°
La neige a couvert les sommets,
les frontières sont fermées,
il est temps
pour se reposer, reconstituer
patiemment
le fil de l'histoire.
° ° °
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°
- 25 -
°
Évidence éblouissante,
au coeur du vide,
résonne et vibre
l'univers tout entier.
° ° °
°
L'évidence étrange de la vérité.
Brutale et glacée, froide violence.
La peur naît de haine, glaçante.
Puissance redoutable de l'évidence,
aveuglante ou aveugle, en vérité,
et pourtant,
les paroles vraies transpercent l'espace,
et traversent le temps,
la simplicité authentique renverse
les montagnes.
L'essentiel est simple, pur mouvement,
harmonie parfaite,
présence.
° ° °
°
Un cri transperce l'espace, et traverse le temps,
la simplicité vraie renverse les montagnes, et
même le ciel en est
ému.
° ° °
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°
Jamais la vérité ne vaut,
si c'est une arme,
et non une source.
Mais parfois les larmes
sanglots et désarroi,
empêchent d'entendre
la douce source présente,
qui coule juste à côté.
° ° °
°
A l'autre bout du temps,
l'évidence franchement
insondable.
Puis revient, de si loin,
un autre dit,
autrement dit,
de l'autre.
Est-ce vrai petit lutin ?
mutin, ... qui en perd son latin,
au petit matin, est-ce vrai
que viendra demain ?
° ° °
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°
- 26 -
°
Les herbes de la prairie immense abritent des cocons,
et le sage tisserand en fera de la soie, patiemment.
Magique.
Quand le jeune homme a tout,
la prairie, pour son troupeau,
le vêtement, pour se couvrir,
en vérité, ne lui manque plus
que le courage de se construire
un toit...
° ° °
°
Comme on monte un cheval,
mesurez le chemin à parcourir,
les obstacles, les étapes,
réunissez vos forces, trouvez des compagnons,
labourez votre champ, prévoyez des provisions
pour l'hiver,
la voie vous est ouverte.
° ° °
°
Tous ces cheminements,
pour arriver à quoi ?
A tracer le chemin,
à force d'y passer.
° ° °
59 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
La retenue apprivoise l'énergie,
et c'est ainsi qu'elle se construit,
d'élan tranquille et mesuré.
Le respect, en somme.
° ° °
°
Dans Babel, une bulle iridescente
de parchemin, de simple papyrus en papier,
perdue dans l'immensité,
et pourtant elle détient, qui sait,
en quelques signes, réels ou virtuels,
le secret puissant du calcul
infinitésimal, ou celui aussi rare
d'éternelle jeunesse.
° ° °
°
Ainsi les signes se suivent, et les instants,
en progression simple et géométrique,
une ligne à l'horizon, sur l'océan profond,
et voilà des rires d'enfants,
des larmes de gribouille, ou parfois,
des pleurs de joie, qui sait.
Si tu savais, en effet...
° ° °
60 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 27 -
°
Au pied de la montagne, là où la foudre est tombée,
gronde encore, comme l'écho du tonnerre,
et sur la carapace d'une antique tortue,
quelques signes secrets, en forme de
message.
° ° °
°
Ainsi les paroles de sagesse sont nourritures vives,
Aussi prends garde à ce qui sort de ta bouche,
comme à ce qui y entre,
avec modération.
° ° °
°
Au premier temps de sagesse, entendre,
recueillir et recevoir, ce qui vibre d'énergies autour
du dit de l'autre,
puis mesurer ce qu'implique la distance,
espace et temps, entre l'un qui dit, et l'autre,
qui n'en croit pas ses oreilles...
° ° °
°
Parole, aller retour, respiration,
ce que tu y entends fait signe et repère,
vibrations nourricières, nourritures vives,
voilà qui mérite d'être
attentivement entendu.
° ° °
61 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
En vérité, nous venons tous du pays de parole,
d'un échange de palabres, de promesses,
de mots doux, - de mensonges, aussi, de mots tus
et de non-dits, de redoutables silences,
de règles et de lois, de discours et de messages,
dont nous sommes tous, les unes et les autres,
le fruit.
Uniques et semblables, nous dépendons des mots
qui nous entourent,
qui nous enferment,
qui nous protègent,
qui nous emportent.
Des mots qui nous relient, et nous nourrissent,
de la langue, du langage, nous forgeons de redoutables
armements, arguments, jugements, signifiants qui
à leur tour, nous définissent,
nous dévorent et nous jugent...
° ° °
62 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 28 -
°
La poutre la plus solide
n'est pas plus solide que l'appui
sur quoi elle repose.
Et s'appuie.
° ° °
°
Quelques branches
retiennent l'eau, fragile barrage.
Si elle doit servir,
la retenue devrait être consolidée,
sinon le barrage risque bien de
céder, puis rompre.
° ° °
°
Dans le maillage infini
qui nous enserre et nous retient,
nous supporte et nous guide,
au moins deux maillons singuliers,
le faible, et le manquant.
Et c'est, finalement,
rassurant.
° ° °
°
Si le fardeau est trop lourd,
pourquoi ne pas le poser
si l'amertume produit de la rancoeur,
pourquoi ne pas la recracher,
et aller voir ailleurs, sans regrets.
° ° °
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Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
Fragile passerelle qui surplombe la rivière,
étroit le chemin qui mène à la source,
un frêle espoir maintient
les hommes et les femmes,
les vieillards et les enfants,
du côté des humains.
° ° °
°
Ouvrir la porte, et respirer,
bonne idée. C'est ainsi que chaque instant
apporte la saveur du suivant.
° ° °
64 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 29 -
°
Sur les chemins de hasard, autant rester au milieu.
° ° °
°
Répétition, il marche dans l'ornière et y retombe.
Répétition, il cherche juste, le ton juste, et le trouve,
au moment même où il allait cesser de chercher.
Et tomber dans l'ornière...
° ° °
°
Ouvrir la fenêtre, respirer, bonne idée.
° ° °
°
De cascade en ravin, l'eau circule
et s'infiltre, s'insinue,
se faufile, furtive,
de passage en passage,
elle chemine, sans doute,
au plus profond, se perd
et se retrouve,
ailleurs.
° ° °
°
Tranquille et solitaire, elle poursuit son chemin,
et se déjoue de tous les obstacles,
suivant sa pente profonde et naturelle,
elle poursuit son chemin,
inlassablement.
° ° °
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Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
Par temps d'adversité, l'arbre survit
de ses racines profondes, tout autant
que de ses branches et de ses feuilles,
en double respiration, vitale.
Sans air et sans lumière, il s'asphyxie.
L'ombre de l'arbre réveille
doux souvenir
et vive nostalgie
du plein soleil.
° ° °
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Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 30 -
°
Prendre le temps,
et le voici, justement,
qui passe, fugace,
- l'avais-tu vu ?
° ° °
°
Soleil à l'horizon, est-ce l'aube, ou le crépuscule?
Le soleil à son zénith immobile danse de l'un à l'autre,
La lune est presque pleine.
Les ans, les lunaisons, les moissons,
solstices et équinoxes se succèdent inlassablement,
le temps passe et l'énergie se renouvelle,
secret et lumineux mouvement.
Le jour s'achève, le feu s'allume,
la pesanteur et la grâce dansent un éternel ballet,
il y a de l'amitié dans l'air.
° ° °
°
Présage utile : avant ce fameux jour-là,
il y aura trois jours, au moins, et après,
il y aura encore trois jours, comme pour
tout évènement, évidemment...
° ° °
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Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
Chaque jour, un jour s'achève,
et voici un cycle qui commence,
d'inlassable poésie.
° ° °
°
Plus loin, là-bas, des vieillards se lamentent, mélancoliques,
quand vient l'automne, mélopée des souvenirs perdus.
D'autres chantonnent doucement, berceuse brumeuse
des souvenirs d'enfance. Rien ne retient le temps,
sinon la mémoire de nos moments perdus !
° ° °
°
L'oeil ébloui de soleils,
il cherche le secret
de lucidité. Est-ce synergie,
ou solidarité ? Complémentarité ?
Ou l'alliance redoutable et commune
de l'obscurité et de l'ignorance ?
° ° °
°
Chariot, vieille Casserole, grande Ourse,
un bouvier virevolte autour du joug,
lignes imaginaires comme repère,
voici déjà une approximative direction,
mais l'attelage avance au pas du plus lent,
puissamment.
° ° °
°
Jour après jour, se creuse et s'élargit
le lit de la rivière, et son cheminement,
jusqu'à la prochaine sécheresse, jusqu'au prochain
débordement.
° ° °
68 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 31 -
°
D'accords et alliances,
de compromis et de promesses,
de contrats et d'échanges,
peu à peu, se tissent
des liens d'amitié,
si simplement.
° ° °
°
Si ces paroles étaient fortes et droites
comme une hallebarde,
si elles étaient douces comme le sourire
d'une femme aimée, aimante,
Comme cette alliance porterait du plaisir...
comme l'amitié serait durable...
° ° °
°
Non, l'alliance n'est pas simple
moment d'échange, de partage,
d'énergie modulée, de tendresse durable,
elle se construit, comme un accord
musical, et il dépend des deux
que cet accord dure, encore et au-delà.
° ° °
69 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
Comme un lac parmi les sommets,
haut dans la montagne, la musique de l'eau,
l'équilibre irrigue, l'harmonie vibre,
rire joyeux d'une cascade,
longue histoire qui va
jusqu'à l'horizon.
Et même un peu plus loin.
° ° °
°
C'est tout petit mystère, mais
l'humanité ne vient jamais
que de la rencontre singulière
de deux petits humains,
qui se donnent la main,
s'accordent,
et deviennent pluriels.
Oui, c'est ainsi.
° ° °
70 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 32 -
°
C'est d'un double battement,
de coeurs,
que provient la vie,
d'un simple battement de coeur,
qu'elle dépend, pourtant,
ainsi le singulier et le pluriel alternent,
et réciproquement,
faut-il le souligner ?
° ° °
°
Voici l'orage et le vent, qui s'emmêlent,
et l'eau du ciel remplit les réservoirs,
la récolte sera
bonne.
° ° °
°
Du mouvement, durable,
du changement, permanent,
naît l'harmonie vive
et vient la complémentarité,
élan et douceur, force et sagesse,
ainsi, chaque instant renouvelle
la danse souple et fluide
du temps.
° ° °
71 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
De turbulence, et danse, le temps n'est que rythme,
à l'image de l'alliance du vent que suit le tonnerre,
compagnonnage mobile, et variable comme musique.
Ainsi se construit la durée, persistant mouvement.
° ° °
°
Monotone, le métronome, le printemps,
puis l'automne, et pourtant, voici
une petite mélodie,
d'amour.
° ° °
°
La durée est comme un battement
de coeur, pulsation inlassable et toujours renouvelée,
allers et retours du bac sur la rivière,
succession des semailles et des moissons.
Sur la rivière, le bac du passeur
oscille d'une rive à l'autre,
métronome d'alternance essentielle.
Respiration des choses et du temps,
pas d'aller sans retour, ni de montagne sans vallée.
° ° °
°
Temps qui passe, rien ne dure,
temps qui dure, rien ne passe.
Le temps danse sur le miroir de mémoire,
minuscules myriades étincelantes.
° ° °
72 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
Le temps qui passe est comme flux chargé
de rêves, de souvenirs, comme fleuve d'espoirs oubliés,
souffle neuf de charmes et de magie, de rencontres
et de conflits parfois manqués, traces vides, houle profonde,
mémoires évanescentes, pierres gravées, abandonnées,
stèles effacées, promesses envolées,
le temps qui passe écrit sur l'eau,
vagues sous la brume,
des mots qu'efface le vent.
° ° °
°
Et pourtant,
il y aura
des rires
d'enfants.
° ° °
73 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 33 -
°
Sous la lune, immobile,
quelques traces, discrètes,
dans le froid et la neige, blanc silence,
tout est calme, immensité
de la sérénité.
° ° °
°
Sans doute un sanglier, sauvage et solitaire,
il a laissé des traces perceptibles sous la lune,
s'est retiré, parmi les collines sous le ciel,
puis s'est arrêté tranquille, immobile.
Des traces sous la lune,
le sage devine que le sanglier est passé par là,
et s'est retiré dans sa tanière.
Autant en faire autant.
° ° °
°
Prendre un peu de recul,
pour apercevoir peut-être
la perspective, retrouver
la vision claire
de l'horizon.
Tranquille, là-bas.
° ° °
74 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
Après quelque temps, la plus haute colline
tapisse le fond des océans, puis un peu plus tard,
du fond des océans, surgissent geysers et volcans,
mais qui sait quand commence ce mouvement,
et quand il cesse et s'achève ?
° ° °
°
Ascétique, l'ermite ?
Non, il s'est simplement
retiré
avant que tout ça
ne tourne
vinaigre.
° ° °
°
Montagnes sous le ciel,
immobiles et sereines,
silence au milieu de la nuit,
la lune est majestueuse,
entre les nuages,
on aperçoit ainsi
l'horizon, précisément.
° ° °
75 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 34 -
°
Le bûcheron prudent n'abat jamais
qu'un arbre sur dix,
pour préserver l'avenir
de la forêt.
Heureux celui qui sait compter jusqu'à dix,
et réfléchit avant de parler, et puis d'agir
car il mesure et préserve l'énergie.
° ° °
°
Ainsi l'énergie s'accumule, puis se libère,
ainsi la puissance se retient, puis s'exerce,
ainsi la richesse se disperse, puis se retrouve,
ainsi le mouvement s'élance, puis se déroule,
mais ne serait-il pas sage de mesurer
et d'observer les forces en présences ?
° ° °
°
Un bélier furibond, fonce, tête baissée,
droit vers les fourrés d'épines...
L'énergie la plus ambitieuse
n'est
sage qu'à condition de trouver
sa mesure,
sans quoi elle se fourvoie,
et s'enferre.
° ° °
76 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
Au pied de la cascade, turbulente, joyeuse,
bouillonnante d'énergie, et bientôt fleuve puissant,
le vieux sage n'a pris qu'un seul bol d'eau fraîche,
parce qu'un seul suffisait,
pour préparer deux tasses de thé.
Et il a dit : je ménage mes ressources,
car c'est ainsi qu'elles sont presque
inépuisables !
° ° °
°
Ne pas confondre, les signes ne manquent jamais,
profusion d'images et de mots, de messages,
mais parfois le sens s'en est perdu,
et nous vivons alors sous le signe de folie.
Oublieux de nous-mêmes, de nos paroles,
et même de nos actes, et dès lors perdus.
Un seul bol d'eau fraîche, soit deux tasses
de thé, devient précieux, soudain.
° ° °
77 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 35 -
°
Le temps de l'éveil,
rien d'autre que douceur
et lucidité.
Temps de l'éveil,
voie royale de sagesse.
Éveil, mais que l'un n'aille
pas sans l'autre.
° ° °
°
Soyez comme les oiseaux du ciel,
libres comme l'air,
mais attentifs à tout.
Ils chantent le jour sous le soleil
qui les éclaire, et reviennent
vers la terre qui les nourrit.
Il y a une volée de moineaux dans les champs,
comme leur chant est joyeux !
° ° °
°
Le jour se lève,
la nuit s'achève,
et c'est parfaitement
merveilleux.
Inoubliable, en fait.
° ° °
78 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 36 -
°
Minuit.
Un feu couve sous la terre,
obscure énergie
cachée, secrète, fragile.
Minuit, comme au coeur de l'hiver,
immobile froidure, qui gagne
jusqu'au coeur.
Minuit, comme chaque siècle,
au plus loin dans l'amertume,
reste-t-il quelqu'humain?
° ° °
°
Une femme à sa fenêtre croit voir passer un fantôme,
mirages, la lune est presque pleine.
Les barbares sont aux aguets, dans la pénombre,
période trouble, lueurs glauques, temps obscurs.
Lumières presque éteintes.
Le temps est venu pour la discrétion,
la prudence, vigilante et secrète,
la modestie, le silence, la patience.
Le sage protège attentivement son énergie,
il veille discrètement sur sa lumière
intérieure, et n'en montre rien.
° ° °
79 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
Dans l'oeil du cyclone, non pas la tourmente,
mais le calme parfait.
L'absence et la présence dansent,
respire le temps.
° ° °
°
Illusion parfaite, au coeur du vide,
une présence entière et pleine,
comme le reflet de la lune sur le lac immobile.
Illusion parfaite, la beauté désigne l'absence,
et le coeur se déchire, en larmes d'émotion,
parfaitement inutiles, précisément humaines.
° ° °
°
C'est une histoire absurde, pleine de bruit et de fureur,
racontée par un piètre hallebardier bègue et aveugle,
c'est une histoire stupide, fatale et banale, ordinaire,
de cris et de larmes, de violences et d'illusions,
de bêtises et de drames, de terreur et d'horreurs,
de farces méchantes ou de méchantes farces,
de charmes et de misère,
de misères et de charme,
et c'est nous qui la vivons !
et c'est cela que nous vivons ?
° ° °
NDT: - Est-ce page égarée d'un autre manuscrit, ou
l'écho adventice d'une autre lecture, mais l'impression
demeure d'un sentiment de déjà lu, semble-t-il. Mais qui
a lu l'autre en premier, difficile à dire, en l'état.
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Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
Noire réalité, l'absence du sens,
l'errance dans le vide, l'espoir sans espoir.
Quand manque le désir, reste le désir du désir,
mortel ennui.
Nuit blanche, jour gris, ciel occlus,
fantôme d'automne, les feuilles tombent.
La plus maigre lumière suffirait, un simple petit feu
au pied de la montagne,
Et l'amitié viendrait s'y réchauffer.
° ° °
°
Que vienne enfin la fin des illusions et des angoisses,
la fin des faux espoirs et des peines si communes,
qu'ainsi s'achèvent l'obscurité, ou l'ignorance,
les temps sournois de barbarie, de mesquinerie,
ne serait-ce pas délivrance ?
° ° °
°
La nuit s'achève,
le jour se lève,
et c'est parfaitement
inoubliable.
Merveilleux, en fait.
Inénarrable.
° ° °
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Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 37 -
°
La maison ne vaut
que par le toit qu'elle offre,
le toit ne vaut
que par sa poutre faîtière, qui le soutient,
le foyer ne vaut
que par la chaleur qu'il donne, et distribue,
tant qu'il y aura du bois pour alimenter le feu,
un toit pour abriter le foyer...
Et souffle l'énergie, respiration solaire,
essentielle alternance.
° ° °
°
Le secret de l'énergie, non, ce n'est pas
l'antagonisme, la confrontation, le rapport de forces,
mais au contraire, la synergie, la complémentarité,
l'alternance, et le libre mouvement des choses,
et des êtres.
Alors danse la vie.
° ° °
°
Que d'harmonie, autour d'un doux foyer,
le feu distribue sa chaleur, tout autour,
la table est généreuse, et le couvert est mis,
tout est prêt, et chacun viendra tout à l'heure,
pour s'y réconforter. Chaque chose a sa place,
et en son temps.
° ° °
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Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
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- 38 -
°
Multiples mirages, il croit voir des démons agressifs,
fantômes sous le soleil,
ce ne sont qu'illusions.
Il finit par s'apercevoir de son erreur,
lumière à l'horizon.
Surprise, voici la pluie, bénéfique...
° ° °
°
Mirage de la sagesse, parfaite illusion,
l'effet du miroir où le lac se reflète dans le ciel,
et le soleil dans le lac, instant éblouissant de perfection,
qu'une brise légère ne trouble plus.
Le temps passe, les choses changent,
sans qu'il ne se puisse jamais en saisir
autre chose que l'illusoire reflet,
inépuisable et scintillante réverbération.
° ° °
°
Image, l'emprise du pouvoir sur la foule
Illusion, le rêve de gloire qui nourrit la domination
Majestueuse, la représentation éblouissante
qui nous fait oublier nos folies, nos chimères,
nos peurs et nos haines,
et le bruit de la guerre.
° ° °
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Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
Qu'il y ait des oppositions inéluctables,
et parfois féroces, incontestable, bien sûr.
Mais cela ne mérite rien d'autre
qu'observation minutieuse, bienveillante
que neutralité distante, et indépendante,
le plus souvent.
Sauf exception, évidemment.
° ° °
°
Ne vivons-nous pas la vie que nous avons rêvée ?
Ne rêvons-nous pas de vivre une autre vie ?
Ainsi la réalité fait-elle peut-être partie d'un rêve,
ainsi le rêve est-il partie de la réalité,
dont nous nous réveillerons, qui sait,
un jour ou l'autre,
un jour où l'autre.
° ° °
84 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 39 -
°
Quand la brume est sur la montagne,
redescendre vers les autres,
retrouver la perspective,
ensemble, en somme.
° ° °
°
Dans la case villageoise, l'homme s'est enfermé,
parce qu'il est seul et sur la paille.
Et ça ne va pas faire avancer les choses,
cet empêchement.
Impasse.
L'isolement produit l'obstacle
La solitude se transforme en impasse.
Demi-tour, ce chemin ne mène à rien.
° ° °
°
Les temps contraires apprennent
même aux loups sauvages
la puissance de l'entr'aide.
° ° °
°
Enfermement, solitude, inertie, misère,
isolement, impasse, manque, impair, galère,
et noir brouet, cafard, placard,
dénuement, nulle issue, demi-tour
inutile de s'enferrer dans cet enfer
° ° °
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Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 40 -
°
Le tonnerre transperce la brume,
tout s'éclaire pour l'instant.
Après l'obstacle, l'impasse,
l'empêchement, l'enfermement,
survient le dénouement.
Libération.
° ° °
°
Parfois la trame et la chaîne de la toile
se dénouent, et se libère alors l'abeille
du piège où elle était prise, éblouie.
Alors l'abeille reprend son vol, et
l'araignée reprend son lent tissage,
imperturbablement.
Ainsi la libération, fugace,
ne garantit pas pour autant
la liberté, si frêle et fragile.
° ° °
°
Chance, les noeuds se défont,
et le brouillard s'efface,
Filons discrètement,
vers d'autres horizons plus souriants,
Filons sans crier sur les toits,
le joli chant provisoire de liberté,
voici la pluie et bientôt le printemps.
Libération.
° ° °
86 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 41 -
°
Comme le lac au pied de la montagne
recueille les eaux qui en ruissellent,
et en dépend, comme l'image double
de la montagne et de son reflet,
réserve et retenue,
moment de recueillement après l'orage.
° ° °
°
Réserve et retenue. C'est la moisson
qui fournira les moyens de la future récolte.
Bientôt viendra
le temps des semailles.
° ° °
°
Quand il ne reste presque plus rien,
rien à perdre, ni rien à gagner,
autant offrir les deux derniers bols de riz,
et le pichet de vin de pêche qui vieillit
justement pour cette occurrence,
à la première occasion.
° ° °
87 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
Est-ce toi, petit bonhomme,
qui poursuis ce rêve immense ?
Ou est-ce une chimérique illusion,
qui te tourmente et te poursuit ?
° ° °
°
Le monde est trop petit,
se dit le puceron avide, minuscule et
perché sur un bouton de rose.
Mais voici la rosée.
° ° °
°
Rien n'est jamais clos,
définitivement,
Tout est relatif,
absolument,
un temps pour tout,
et même pour rien,
c'est déjà quelque chose,
ou à peu près,
un espace de liberté, non ?
° ° °
88 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 42 -
°
Comme il est précieux,
le plus petit souffle,
celui du plus petit,
du premier au dernier,
du dernier au premier,
double spirale.
° ° °
°
Comme l'éclair sous le vent, comme la sève
abondante qui monte au printemps,
luxuriante et généreuse comme la nature elle-même,
période faste.
La générosité est don du ciel, fortune.
Sous l'écorce, le travail du temps
promet des bourgeons multiples
à qui saura les deviner, énergie douce,
d'autant plus puissante qu'elle est
cachée.
° ° °
°
Le sage écoute les autres,
et c'est une grande richesse,
tous les oracles le diront.
Il distribue sa sagesse,
sans rien en perdre lui-même,
et c'est pure générosité.
Et quand le pouvoir écoute le savoir,
grande prospérité, d'abondance,
tous les oracles le diront.
° ° °
89 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 43 -
°
Naïvement, la sentinelle arpente le rempart,
et surveille imperturbable l'horizon visible.
Naturellement, elle ne voit rien venir,
et pourtant, ses pas mesurent le temps,
comme le temps mesure l'espace,
comme chaque instant
prépare l'avenir.
Imprévisible pourtant.
° ° °
°
Veiller au grain.
Ne pas gaspiller les ressources,
qui serviront demain.
Le sage ne permet pas
que ses dons soient dilapidés
en pure perte,
ni la générosité dispersée
à tous vents.
° ° °
°
Le veilleur vigilant écoute la chouette et la tortue,
sages déités des temps anciens, et pourtant,
ne voit-il pas qu'il oublie l'autre moitié du monde,
et qu'il se fait tard, dans la nuit ?
° ° °
90 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 44 -
°
De séduction et tentation,
de charme et de magie,
qu'attendre sinon multiples plaisirs,
délicieux moments, et
probables déceptions ?
Mais l'inverse serait
inattendu,
enfin, n'est-il pas ?
° ° °
°
Imprévisibles et redoutables, les mouvements
du coeur, désir et séduction mêlés, et
prévisibles turbulences dans le clan.
Mais le contraire serait
de mortel ennui, de froide rigueur,
aussi est-il sage d'apprendre
la discrétion et la courtoisie,
comme nécessaire horizon.
° ° °
°
Le prince séduit fait sa cour à la servante,
et la prend pour concubine, mais qui prend qui ?
La jeune fille sera-t-elle plus forte que le prince?
ou sera-t-elle humiliée par les dames de la cour, et déçue ?
Les carrosses parfois se transforment en citrouille...
° ° °
91 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
La courtoisie discrète
comme seule issue,
dit la malicieuse courtisane
au courtisan charmant.
D'aventure en aventure,
de rencontre en rencontre,
que d'encontres et d'aventures !
La tentation ignore les conséquences,
elle marche sur la durée, sans y penser,
mais voilà, vois les conséquences,
d'une telle inconstance !
° ° °
°
Tout charme est de passage,
magie fugace, sourire inattendu,
tout passage a ses charmes,
comme illusoire image, ou doux
message, mais est-ce sage ?
Mieux vaut en garder le secret,
tout charme est passage.
° ° °
92 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 45 -
°
L'eau irrigue les champs,
généreusement,
la récolte sera bonne,
après la moisson...
° ° °
°
Rassemblement
Mobilisation générale
multitude d'uniformes,
force puissante parce que rassemblée,
l'union fait masse.
Reste à vérifier que l'intendance suive,
affaire d'organisation, de prévision,
de gestion, de planification...
La récolte sera bonne,
si tout va bien...
° ° °
°
Grand rassemblement, convergences.
L'accord précède la progression.
C'est prélude à l'action concertée.
Voici le moment d'établir des accords durables.
° ° °
°
Oriflammes et tambours,
tremble le sol sous le pas des soldats,
magnifique spectacle de puissance,
que d'honneurs, et de poussières
dans l'arène.
° ° °
93 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
Jour de marché, festivité,
joyeuses cérémonies, rassemblement,
toute une organisation,
pour que l'échange des marchands et des chalands
demeure équitable et profitable à tous.
Même au plus petit.
° ° °
°
Que dit la loi ?
Le rituel est-il respecté,
le cérémonial dans les règles ?
Ou est-ce une cruelle et brutale
plaisanterie ?
° ° °
94 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 46 -
°
Préparer le printemps...
Faire la part des choses.
Soit exactement un neuvième,
en prévision de l'imprévisible,
de l'autre temps, ou du temps
adverse, ou inversement,
du temps de fête...
Préserver l'indispensable offrande,
qui est comme le grain
pour les prochaines semailles,
promesse d'une nouvelle récolte.
° ° °
°
Les graines germent et montent vers la lumière,
et la trouvent,
tropisme profond et intérieur,
antérieur à l'éclosion prévue,
laborieuse patience.
° ° °
°
C'est un labeur inépuisable,
de faire la part des choses,
jusqu'au plus infime détail,
la moindre bulle pourrait rendre
la plus fine des porcelaines
inutilisable, le moindre calcul
appauvrit la récolte du laboureur,
quand le poids des cailloux étouffe
la force des graines.
° ° °
95 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
Avance vers la lumière,
et tu connaîtras la fortune
A condition de faire la part
des choses.
Le sage sait que l'essentiel
est de suivre sa propre voie.
Aussi veille-t-il sur les lents
cheminements de l'énergie.
° ° °
96 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 47 -
°
Le lac est au plus bas, sa source est épuisée,
et la brume empêche d'y aller, naviguer ou pêcher.
L'arbre s'est flétri, et seules les ronces prolifèrent.
Il faudra faire du feu, ce soir,
et contempler le crépuscule.
Au milieu du village,
le puits est toujours là.
° ° °
°
Le creux de la vague, c'est l'endroit
d'où rebondit la houle profonde,
et s'élance le voilier de haute mer,
vers des eaux plus sereines.
° ° °
°
C'est bien quand la rivière est au plus bas, presqu'exsangue,
qu'il faut prévoir les grandes crues du printemps,
quand les moissons sont rentrées,
qu'il faut penser aux semailles,
rien n'est plus simple ni plus sage que de prévoir l'autre temps,
le temps de l'adversité sert à préparer le temps des réjouissances,
la solitude promet les retrouvailles,
tel est le sens de l'éternel retour de l'autre.
° ° °
97 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 48 -
°
Le coeur du village, est marqué par un puits,
- les choses changent, de génération en génération,
mais le puits reste là, au coeur du village.
Peut-être parce qu'il en est à l'origine,
à la source.
° ° °
°
Bonne nouvelle, le puits donne de l'eau fraîche,
de nouveau,
qui pourra servir au village et à l'entour.
Il suffirait de l'annoncer à tous,
et le village reprendrait vie.
° ° °
°
La vérité n'est pas dans le puits, elle est offerte à tous.
Elle n'est pas non plus dans le mirage du soleil éblouissant
reflété sur le lac, elle est partout présente et absente,
mais c'est sa recherche qui donne du goût aux choses,
et de la profondeur aux images.
° ° °
°
Cette eau que vous offrez aux vôtres, et aux autres,
puisée à la source qui est en vous, et vous fait vivre...
La ressource du sourcier est donc un don,
et ce don est une ressource toujours offerte,
sans doute suffit-il de s'en souvenir.
° ° °
98 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
Quand le puits est en ruine,
ou la cruche brisée,
son eau alimente encore
les vers de terre.
° ° °
°
Quand le lac est vidé, ou épuisé,
il reste l'ancien puits,
immémorial, intarissable et profond
comme la vérité intérieure.
° ° °
°
La ville n'est qu'un village oublié.
Sous ses décombres, d'immenses espaces.
Et le village abandonné
désert, rêve encore
de rires d'enfants.
° ° °
99 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 49 -
°
La peau tannée devient tambour,
respiration du temps des changements,
battement de coeur perceptible
des temps nouveaux, transmutation.
° ° °
°
Pas de changement, sans transformation,
et réciproquement, rien d'éternel, si ce n'est
le mouvement perpétuel du changement.
° ° °
°
Soleil éblouissant sur le lac,
c'est l'image même du pouvoir,
elle contient, inexorablement,
son renversement,
et c'est évidemment
éblouissant.
° ° °
°
Au jour de l'An, joyeux chambardement,
l'an passé est passé, définitivement,
alors il est temps d'imaginer
le changement de temps,
et l'ère nouvelle,
un temps tout neuf,
comme nouvelle
et joyeuse
naissance.
° ° °
100 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 50 -
°
Fortune.
La forme précède et implique le fond,
et non l'inverse.
Le partage est au carrefour de l'essentiel,
et le vrai résultat de la transformation,
le don du changement.
Grande fortune, alors.
° ° °
°
Visitez le chaudron, où se concoctent des nourritures
subtiles, terrestres ou célestes.
Ses trois pieds recèlent un secret, évidence ternaire.
On peut y préparer trois sortes de nourritures :
quotidiennes et simples, pour la famille,
riches et festives, pour les amis et les invités,
ou encore exceptionnelles, pour les grands jours de cérémonie.
Et pourtant, n'est-ce pas le même chaudron ?
° ° °
°
Un souffle profond anime
la cuisine quotidienne,
un simple repas chaud réjouit le corps affamé,
et voilà une simple vérité,
offerte de bon coeur, à tous les saltimbanques.
Et n'est-ce pas là
bonne et grande fortune ?
° ° °
101 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 51 -
°
Roule et gronde le tonnerre, coup sur coup.
Éblouissant cortège. Elle veille.
Pas une goutte n'est tombée
de la coupe.
° ° °
°
Dans les banlieues, les faubourgs, les forêts, environnée,
elle croit voir des barbares, des diables ou des fantômes.
Ce n'est rien que l'orage, qui apporte la pluie,
et masque la fenêtre.
° ° °
°
Illusions, mirages, chariot chargé de fantômes hideux,
guerriers et barbares aux portes de la ville, alerte !
la lune apparaît en larmes dans la brume,
puis tout disparaît, comme mauvais rêve
ne reste peut-être que l'amertume
d'un inutile cauchemar. Eveil.
° ° °
°
Éveil, réveil,
Bouleversements
Changement et mutation,
calme au coeur de la tempête.
aucune crainte ne trouble
ni le coeur sage du juste,
ni l'esprit juste
du sage.
° ° °
102 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
Impassible, souriant,
sans peur et sans haine,
il cherche la perfection
dans le moindre détail,
et trouve alors le juste
succès. Eveil.
° ° °
°
Immobile, le sourcier au milieu du désert
disperse des mirages,
un simple souffle désigne
l'invisible source
pourtant présente,
ici, justement.
Ici.
° ° °
103 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 52 -
°
Puis les tourbillons de l'orage ont dégagé l'horizon.
On aperçoit au loin, des montagnes,
immobiles et sereines, solides comme l'apparence,
on pourrait croire qu'elle portent le ciel,
il n'en est rien,
leur puissance imposante est
vide.
C'est bien pourquoi elles servent de repère
dans le paysage, et permettent
de s'y orienter.
° ° °
°
De la pointe des orteils au sommet de la montagne
intérieure, le parcours immobile
de deux respirations
légères et lentes
profondes
aussi.
° ° °
°
Le sage sait voir la juste place des choses,
et leur donner la bonne position.
Contemplation, concentration,
de l'orteil jusqu'au sommet du crâne,
l'énergie circule, de la terre au ciel,
et du ciel à la terre, respiration.
° ° °
104 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 53 -
°
Tout là-haut,
comme un arbre au-dessus de la vallée,
le vol réglé des grues cendrées,
les oies sauvages avancent fidèles
comme la flèche du temps.
° ° °
°
Comme l'arbre sur la montagne pousse lentement,
s'accrochant de toutes ses racines à la terre fragile,
ainsi la développement est-il une progression
de tous les instants. Persévérance tranquille
et régulière, progression lente et solide.
° ° °
°
Ce n'est pas la montagne qui soutient
le pin chétif qui veille au dessus du précipice,
là-haut.
Mais c'est le pin chétif qui empêche
la montagne de s'effondrer,
en vérité.
° ° °
105 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
Le long de la rivière tranquille,
avance un antique char à boeufs,
solide et pesant, et la faux du moissonneur
rythme le temps. Lente progression,
cheminement sage,
comme la fidélité.
° ° °
°
L'ordre des choses est leur beauté.
Leur désordre est leur beauté.
Mouvement, progression, cheminement.
La vie quête d'harmonie, de beauté, autrement dit.
La patience régulière est chemin de sagesse,
progressive et ordonnée, respectueuse et mesurée,
ainsi se noue lentement l'amitié, en vérité.
Ainsi chaque image est passerelle.
° ° °
106 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 54 -
°
Si petit et tout neuf,
de bleu et de blanc vêtu,
si fragile aussi, un élan,
improbable et léger,
rires discrets,
de charme et séduction,
mais de quelles couleurs les jours
qui suivront,
qui sait ?
° ° °
°
Le tonnerre est sur le lac, remue-ménage...
vive la joie source d'élan, joli élan,
certes, mais c'est aussi signe de d'orages
dans le clan.
Cette rencontre ou cette alliance est difficile
à cultiver,
à faire durer.
Rien ne dure, sous le soleil de la passion...
ou de l'ostentation.
° ° °
°
Scène de ménage, elle réjouit les spectateurs
Remue-ménage, joyeux mouvement,
puis vient inévitablement
la fin du spectacle,
rideau.
Qu'en reste-t-il ?
° ° °
107 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
De séduction et tentation,
de charme et de magie,
qu'attendre sinon
de probables déceptions ?
Mais l'inverse serait
inattendu,
n'est-il pas ?
° ° °
°
Sur l'échiquier, l'échec,
Sur le jeu, le hasard,
et la règle aussi bien,
mais la partie
n'est pas finie.
Chacun son tour.
° ° °
108 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 55 -
°
Étrange instant, quand les greniers sont pleins,
il faut déjà songer à les vider, répartir,
distribuer aussi justement que possible
toutes ces richesses.
Puis, quand ils sont vides, tout reste à faire, pour les remplir,
et constituer de quoi distribuer aussi justement que possible
toutes ces richesses à venir.
° ° °
°
Sommet de plénitude, soleil éblouissant sous l'éclair,
grand chambardement dans le ciel, la lucidité étincelle,
mais l'éclat ainsi atteint sera peut-être de courte durée...
Éblouissement. Couronnement.
On fait des feux de paille,
pour célébrer les moissons,
et peut-être pour appeler la pluie,
voici un arc-en-ciel.
° ° °
°
La profusion, la pénurie,
le trop peu et le trop plein,
toujours à mi-chemin,
dans le décours de la
distribution, dispersion,
dispersion et délivrance.
c'est à quoi sert l'abondance.
° ° °
109 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
Rien ne dure, sous le soleil de la passion
pas même l'abondance tout éphémère de la récolte
Se réjouir, certes, mais non pas s'éblouir,
car vient l'automne, déjà.
Déjà ?
° ° °
°
C'est de magie qu'il s'agit,
et d'un sage un peu mage,
il murmure à voix basse
que le temps passe, et le temps
passe, en effet, n'est-ce pas magique ?
C'est de folie qu'il s'agit,
le temps était passé, et personne
n'en savait rien. Mais surtout,
n'en croyez rien...
° ° °
110 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
- 56 -
°
Et le voyageur ne dépend, finalement,
que de sa propre vigilance, et vaillance,
de son savoir-faire, de son savoir-vivre.
Élégance nécessaire
de la pure courtoisie,
élémentaire prudence.
° ° °
°
Le voyageur imprudent est parti seul,
et sans provisions.
Qui sait s'il reviendra.
Et jusqu'où il parviendra.
° ° °
°
Un maigre feu fume au loin, étrange lumière dans la nuit.
Voici l'automne, et le temps des brumes au dessus du lac.
Dans la montagne, deux voyageurs perdus se sont abrités,
sous des branchages. Peut-être sont-ils sans feu ni lieu...
Peut-être sont-ils l'image même de la vie.
° ° °
°
Deux étincelles dans la nuit,
là-haut dans la montagne,
fragile le signe d'une présence,
incertaine et lointaine,
possible aussi jusqu'en
ses conséquences.
Ainsi, chemine !
° ° °
111 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
Il marche, inlassablement, prudent et vigilant,
malgré la soif et la faim, la solitude et la fatigue,
les ornières, les sables mouvants, les mirages,
le soleil éblouissant.
Et c'est seulement quand vient l'épuisement,
l'extrême limite des énergies,
qu'il s'aperçoit
qu'il est déjà arrivé,
ailleurs déjà.
° ° °
°
Qui donc sont-ils, ceux-là qui marchent au loin ?
Des étrangers, ou des barbares, des voleurs ou des marchands ?
Des hommes, des femmes, des vieillards, des enfants ?
Qui sont-ils, et que nous veulent-ils, ces voyageurs ?
Et les voilà qui s'approchent, et se demandent aussi :
Mais qui sont-ils ceux-là, qui nous regardent de loin et de haut,
Des hommes, ou des barbares, des étrangers peut-être ?
Et que nous veulent-ils, ces citadins si peu urbains ?
Ainsi vient l'humanité, au hasard des rencontres,
fragile et brumeuse, incertaine et vaine, mais parfois survient
l'éclat des rires d'un enfant.
° ° °
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°
- 57 -
°
Quand le vent poursuit le vent, le chasse ou le pourchasse,
rires d'enfant, ritournelles pour les hirondelles,
comme dansent les feuilles d'automne, tourbillons doux
passent les heures, temps léger, tiédeur tendre tiédeur.
° ° °
°
Le souffle subtil de la douceur
s'insinue jusque sous le lit des choses,
ainsi la rivière devient profonde.
Des roseaux et des bambous dansent
doucement sous la brise légère,
onde profonde, houle harmonieuse.
° ° °
°
Souple comme le roseau,
serein comme la brise,
mobile comme le vent,
il s'organise, et diffuse ses messages ,
il affermit ses affaires, et confirme ses contrats,
ainsi son influence subtile s'étend doucement.
parce qu'elle ne néglige aucun aspect des choses.
° ° °
°
Un arbre est blotti au creux de la vallée,
il danse avec le vent, par tous les temps,
et chante le soleil qui l'inonde de lumières.
Et la nuit lui confie son obscur murmure.
° ° °
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°
Il observe le temps, et le ciel et le vent, puis
prend des gibiers de trois sortes,
lièvre, volailles et poissons, gibiers de la terre,
de l'air et de l'eau,, tout est ressource.
Le chasseur avisé observe les trois moments,
la veille et le lendemain,
qui forment le présent.
° ° °
°
Et toujours la même quête.
° ° °
°
D'alliances doubles et multiples,
nous dépendons, de promesses et de paroles données,
nous dépendons, et cet échange, vénérable et respecté,
dessine le chemin où se forge l'amitié,
durable parfois, et fragile aussi.
Tout autant.
° ° °
°
Ce qui est dit est dit,
dit la sagesse populaire,
et narquoise.
Ce qui est fait n'est plus à faire,
répond l'écho,
assez sagace.
Ainsi dit le dicton, dit-on.
Mais continuez si ça vous chante,
et vous inspire,
quelque musique.
° ° °
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- 58 -
°
Et quand dure et perdure l'amitié,
viennent les rires joyeux des retrouvailles,
et des projets souriants, que demander de plus ?
° ° °
°
Le lac est comme un creuset, rassemblement.
Mille images éphémères
tremblent à sa surface,
que trouble la moindre brise.
Lucioles, farandole de feux follets,
qu'emporte le courant, qu'efface le vent.
° ° °
°
Le lac est un miroir, un marais, une conque,
un marché bariolé, l'éclat d'un rire joyeux,
l'oeil de la tourmente, l'épuisement des ressources,
le retour des saisons, l'image des illusions,
veille solitaire, murailles des forteresses vides,
désert que hantent les fantômes et les barbares,
le lac est un sabot pesant, une galère lourde,
un jour de foire,
- l'image de l'amitié tout aussi bien,
bavardage léger, en apparence,
alliance solide et douce,
joyeuse et profonde comme la compréhension.
° ° °
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°
Sur le lac tranquille,
le reflet d'harmonie
fait signe.
° ° °
°
Jour de marché. Grand déballage. Échanges multiples,
sans doute les affaires sont-elles bonnes pour tous...
Celui-ci apporte sa modeste récolte, et celui-là y voit
de quoi mitonner un festin, bonne affaire.
° ° °
°
Sur la rivière profonde, glissent les chalands,
en allers et retours, double cheminement,
ainsi circulent les biens, les affaires, et les messages,
les marchands et les forbans, évidemment.
° ° °
°
La fête annonce aussi, simultanément,
les lendemains de fête...
Chaque chose en son temps.
Musique, puis vient le silence,
inévitablement.
Puis dans le silence,
la lente mélodie
qui reprend vie.
° ° °
°
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°
Le vent disperse la brume, balaye l'écume,
le fleuve du temps
emporte la poussière.
Il est temps de penser à l'essentiel,
sans amertume.
° ° °
°
On dit qu'en désespoir de cause, le vénérable maître Kong
s'en fut consulter l'immense sagesse de Lao Tseu,
mais nul ne sait plus ce qu'ils se dirent, ni les questions,
ni les réponses. Pourtant, maître Kong, le vénérable,
revint de cette rencontre, songeur. Et la légende prétend,
que le vieux sage Lao, malgré toutes ses années,
avait gardé un rire d'enfant.
Tel est bien le secret de cette histoire,
telle qu'elle est parvenue jusqu'à nous,
majestueuse et intacte.
° ° °
°
Depuis l'aube, à l'horizon,
quelques perspectives,
à mesurer, à découvrir,
quelques chemins, tracés dans
la poussière, et au loin,
le vent dessine, sur les arbres,
une houle profonde,
à leur cime.
° ° °
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°
Si l'énergie vient à manquer, que viennent à son secours
l'amitié, l'entr'aide, la solidarité, et même
la puissante efficacité
de générosité.
Alors revient le sens de l'essentiel.
° ° °
°
Dans le silence,
la lente mélodie
qui reprend vie.
Les fêtes ainsi
se succèdent,
entre-temps.
Et le vieux sage radoteur a gardé
dans son coeur et son esprit
un rire d'enfant.
° ° °
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°
Deux mains tentent d'arrêter la rivière,
en vain. Mais où est donc passé le passeur ?
- sans amertume, sans colère, sans excès,
il mesure le danger, et évalue les risques
de la traversée.
° ° °
°
La brume est au dessus du lac,
ce n'est plus l'heure d'y aller naviguer.
Il y aurait des inondations, sans doute,
si les débordements n'étaient contenus,
ou régulés.
le temps de la limitation représente
la justice, l'économie, et l'équilibre.
ou comment trouver la juste mesure.
Images de la puissance, celui qui dispose du grain,
et tire son pouvoir d'une juste répartition.
Il rend des mesures droites comme des bambous,
et c'est pourquoi il est reconnu.
° ° °
°
Délimitation, distinction, retenue,
consolidation, patience jusqu'à l'horizon,
le lent travail de traduction, et parfois
le souffle léger de l'émotion,
atteint jusqu'à la création
d'un moment minuscule,
d'un instant d'harmonie.
° ° °
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°
Deux mains tentent d'arrêter le temps
d'adversité, par le chemin de solidarité,
passent les saisons, reste la trace
d'un peu d'humanité, mais c'est
une longue histoire.
° ° °
°
Dans le miroir éblouissant,
le pouvoir apparaît, et c'est pure impuissance
à maîtriser les risques récurrents,
et pourtant prévisibles,
canicule à l'été, famine à l'hiver, et entre temps,
incendies, inondations, débordements, sécheresses,
pénurie, famine, misère, épidémies, à quoi s'ajoutent
évidemment, les guerres, les conflits, entre autres
catastrophes.
Ainsi la tâche reste infinie.
° ° °
°
La lune est sur le lac, bientôt gelé,
viendra l'hiver, bientôt.
Et d'autres lunaisons, sans doute.
° ° °
°
De gloire éphémère, le chant de la chance,
fleur de passage, sourire de fortune,
amitié de rencontre, file la chance,
pour qui la saisit sans y croire, dans l'instant.
Brillantes pacotilles, chevelure d'argent,
la lune est sur la rivière,
scintillante luminescence,
pour qui saurait l'attraper.
° ° °
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°
Le sage est sage qui distribue sa sagesse,
sans rien en perdre lui-même.
° ° °
°
Le sage ne ferme ni sa porte, ni sa fenêtre,
sa maison est ouverte,
mais il veille sur ce qui entre et sort de son coeur.
° ° °
°
Les paroles justes voguent jusqu'à l'horizon,
et leur écho revient de mille lieues à la ronde.
° ° °
°
N'écoutez pas le sage qui prétend être sage,
il n'en est rien, n'en croyez rien,
c'est simplement du baratin.
Copieuse duperie, trompeuse copie.
° ° °
°
Images de douceur et de joie,
de tendresse et de vigilance,
la vérité intérieure est bienveillance.
Le vent passe à la surface du lac, et dissipe les illusions.
Sagesse.
La vraie puissance est celle du coeur
° ° °
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Le sage vise le coeur des choses,
et si sa flèche atteint son but,
dans la plus noire obscurité,
c'est qu'il en connaît
l'adresse par coeur.
° ° °
°
Parmi les roseaux et les joncs,
une grue cendrée appelle son petit :
elle a pour lui des nourritures délicieuses,
et vient les partager avec lui, image
de l'harmonie parfaite du partage.
° ° °
°
Ainsi la lucidité est comme la flèche,
la compréhension est comme l'oiseau,
bienveillance.
° ° °
°
A la surface du lac, une brise légère
disperse les images et leurs reflets.
Ainsi le visible laisse la place à
ce qui n'est pas visible.
La lune est presque pleine.
Présence autre d'une autre lumière.
° ° °
°
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°
La sagesse est économe,
la simplicité et la modestie
sont sagesse.
L'orage gronde sur la montagne,
il est temps de redescendre,
prétendre visiter les sommets
serait stupide et dangereux.
C'est un étroit passage, une histoire sans paroles,
mais toujours l'hirondelle redescend vers son nid.
Doux gazouillis.
° ° °
°
Au delà de la vérité intérieure,
il y a la rencontre de l'éveil et de l'inertie,
de leur coexistence.
Ainsi le sage découvre la dure réalité,
qu'il partage comme les autres,
et c'est la simple vérité.
° ° °
°
Le sage atteint son objectif
les yeux fermés,
parce qu'il est à la fois
la cible et la flèche.
Ainsi en connaît-il
l'adresse par coeur.
Il n'y a de vérité que celle
qui vient vraiment du coeur.
° ° °
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°
Il n'a vraiment rien compris,
celui qui croit savoir
et connaître le coeur de la sagesse,
comprendre la vérité des choses,
mais ne revient pas la dire,
simple et modeste,
et mettre en acte, partager ou confronter,
vérifier ou concrétiser, réaliser
au ras des pâquerettes,
toutes ces belles paroles
lumineuses, mais sinon vides.
° ° °
°
D'économie, simple est la mesure,
l'équité des deux mains,
simple justice, ne rien quitter
si la suite n'est pas inscrite
dans le droit, de l'humain.
° ° °
°
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°
- 63 -
°
Rien n'est jamais fini, tout commence à chaque instant,
tel est le présent incontestable du temps présent.
Et tout ce qui est fini, incontestablement,
entre dans le cycle
éternel de la transformation,
métamorphose permanente,
immuable règle de la mue.
° ° °
°
Le long de la rivière tranquille, avance
un antique char à boeufs,
lent, solide, pesant. Chemine l'eau doucement
dans les canaux
d'irrigation, le champ de blé sera moissonné,
en son heure.
La faux du moissonneur rythme le temps.
° ° °
°
Patience, et voici le temps des moissons.
Patience, et voici bientôt le pain, chaud,
moelleux et cuit de frais,
Patience, voici l'heure à partager,
le pain et le vin, quelques fruits,
simple repas, sans doute,
chaleureux comme l'amitié vraie.
Patience, et voici le temps comme un présent.
Chaque instant est recommencement.
° ° °
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°
Sous la brume matinale, naturellement,
vient le soleil de la maturité, temps de moisson,
puis la splendeur de la satisfaction
partagée, et c'est grande fortune.
Et viendront d'autres horizons.
° ° °
°
Vous voilà arrivé,
satisfaction, réjouissance,
et joyeuses retrouvailles, certes.
Vous avez gagné le droit d'être heureux,
ou heureuse en fin de compte, et paisible
s'avère cet instant,
de réussite.
Enfin !
° ° °
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°
- 64 -
°
Sur l'échiquier du temps,
autant d'images, que de présages,
autant d'oracles que de hasards,
et pourtant, quelques moments joyeux,
quelques instants précieux,
comme présents.
° ° °
°
L'arbre de vie est une rivière, libre et joyeuse.
La vie est comme un champ de blé,
irrigué par
la rivière du temps. Et le blé finira par
mûrir.
° ° °
°
Commencement.
Écrire ici, ci dessous, trois lignes seulement,
ce que tu retiens, ce qui te retient,
là, ici, maintenant,
et soudain,
te voilà déjà,
ailleurs, et autrement.
° ° °
°
Loin sur l'horizon,
l'océan couvert de brumes,
puis vient le soleil matinal,
ainsi c'est l'aube
d'un nouveau jour.
° ° °
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Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
°
La mue est une maturation.
La gestation du fond et de la forme,
la lenteur nécessaire pour que la forme
prenne corps, et le corps vie.
Et ce mouvement parfois trouve le ton juste,
ligne mélodique,
courant tellurique,
vague de fond des temps de l'humain.
L'inverse aussi parfois, sauvagerie.
Et c'est pourquoi rien n'est jamais fini,
tout commence à chaque instant,
de ce lent travail de mutation, de gestation
d'une humanité un peu moins inhumaine.
Chaque instant est un recommencement...
Ainsi, il reste du possible.
° ° °
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Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
Quelques pages
Une simple feuille, d'arbuste ou de papier,
et bientôt un bouquet, à moins que ce ne soit un bouquin.
Une simple feuille, pliée, quatre fois seulement,
et le biface primitif offre seize pages ou trente-deux images,
soit environ la moitié d'un classique échiquier,
ou l'image d'un petit cahier d'écolier, ou d'imprimeur.
Encore un pli, et chaque page gardera la forme et proportion
de la feuille originale, recto et verso, réfraction infinie.
Sur chaque page, un chiffre et un dessin, une scène,
et voilà un scénario universel, et quelques bandes à dessiner.
Il y a des oiseaux dans les champs, moineaux ou grues cendrées,
et ce fut jeu de l'oie, dans nos contrées occidentales,
au lieu de simples tiges numérotées, en Orient.
Comme sur le jeu de l'oie, dépasser l'objectif, bien neuf,
cette fois, oblige à recommencer, ce qui veut dire relire,
tel est le sort des musiciens, quand il n'ont pas trouvé
l'accord juste, la mélodie et l'harmonie,
de réviser la partition, jusqu'à satisfaction.
°
A la croisée des chemins, transversale et diagonale,
silence immobile, douceur calme, hésitation, deux
joueurs silencieux échangent des noyaux de mirabelle,
des pierres ou des pions, des cavaliers et leurs dames,
des tessons de poterie, signes et symboles,
en buvant du thé vert,
la brume appelle le vent, le doute éveille l'inspiration,
et vient le petit jour, déjà brille son reflet dans le miroir de
l'étang pensif.
° °
129 / 132
Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
Comme en écho, monte la rumeur de la ville,
première annonce qu'il y aura du mouvement,
des rencontres et des échanges, des promesses et des
surprises parfois heureuses,
dans quelque temps, encore un autre moment,
les nuages apportent la pluie, le vent chasse les nuages,
tout est bien, la récolte sera bonne, bientôt les moissons,
le jour s'achève, viendra l'automne,
passage tranquille,
petite mélodie.
petite mélodie.
passage tranquille,
le jour s'achève, viendra l'automne,
bientôt les moissons, tout est bien, la récolte sera bonne,
le vent chasse les nuages, les nuages apporteront la pluie,
dans quelque temps, encore un autre moment,
heureuses surprises parfois, au printemps,
des promesses, des rencontres et des échanges,
comme en écho, s'apaise la rumeur de la ville,
petit moment d'harmonie, de recueillement.
Comme en écho, dans le silence,
monte la rumeur des chants.
° ° °
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Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
° Enfin un texte qui ne prétend à rien... Sauf à circuler librement, de
proche en proche, vers son ultime destination, qui précisément s'avère si
voisine de son obscure origine.
Si la poësie n'était tant démodée, il faudrait lire dans ces fragments retrouvés
l'ancêtre d'une tentative de poser le réel, d'imaginer ce que la matière, les
choses, le devenir signifient, en propre, et dans le moment même de leur
mutisme. Une poïétique, en somme.
Au fond, décrire la nature, l'espace, le temps, les énergies, leurs antagonismes
et leurs arcanes, la science la plus moderne ne prétend à rien d'autre. Voilà
pourquoi ce texte incomplet, inachevé, parfois obscur, presqu'originel,
demeure profondément moderne, dans la texture même qui lui donne son
architecture.
Comme en écho, dans le silence,
monte la rumeur des chants.
° ° °
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Paco Alpi .fr Là, que des signes. v.002
Là, que des signes
Anthologie inouïe de petits moments magiques
symboliques et secrets. Inoubliable.
Inspiré par les temps qui courent, ce court texte est une invitation
inédite au savoureux voyage dans l'extrême exotisme de l'Orient mythique.
Si proche et lointain à la fois, il y voisine avec le Mémoire de la Mue,
c'est-à-dire le Yi Jing (I Ching, Yi King), autrement dit le Livre du
Changement, et avec le Dao De Jing (Tao Te King), de Lao Zi (ou Lao-tseu).
° ° °
Voir également
Pour celles et ceux qui en auraient le désir ou la curiosité,
voir également
Mémoires et Mues,
Le Mémoire de la Mue, mémorable ouvrage
dont la trame paraîtra familière et neuve,
à celles et ceux qui ont lu le Yi Jing, dans des versions antérieures.
Ce texte est actuellement disponible à l'adresse suivante :
http://www.scribd.com/doc/69140/LE-YI-JING-v-4
° ° °
132 pages A5 portrait
89 000 signes environ
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