Il a dévalé la colline
Ses pieds faisaient rouler des pierres 
Là-haut, entre les quatre murs
La sirène chantait sans joie 
Il respirait l'odeur des arbres
De tout son corps comme une forge 
La lumière l'accompagnait
Et lui faisait danser son ombre 
Pourvu qu'ils me laissent le temps 
Il sautait à travers les herbes
Il a cueilli deux feuilles jaunes 
Gorgées de sève et de soleil 
Les canons d'acier bleu crachaient
De courtes flammes de feu sec 
Pourvu qu'ils me laissent le temps 
Il est arrivé près de l'eau
Il y a plongé son visage
Il riait de joie, il a bu 
Pourvu qu'ils me laissent le temps 
Il s'est relevé pour sauter
Pourvu qu'ils me laissent le temps 
Une abeille de cuivre chaud
L'a foudroyé sur l'autre rive 
Le sang et l'eau se sont mêlés 
Il avait eu le temps de voir 
Le temps de boire à ce ruisseau 
Le temps de porter à sa bouche
Deux feuilles gorgées de soleil 
Le temps d'atteindre l'autre rive
Le temps de rire aux assassins 
Le temps de courir vers la femme
Il avait eu le temps de vivre. 
*
juste le temps de vivre...
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